Vous mettez en scène des expositions, fréquentez-vous beaucoup les musées ?
Oui. J’aime beaucoup revoir les classiques, par exemple Klimt, redécouvert récemment à New York : un vrai choc ! À une époque où l’on est noyé sous les images, j’aime me poser pour découvrir une monographie. J’ai été marqué par celle de Pol Bury, à New York. J’ai aussi aimé prendre le temps de découvrir Agnès Martin, au Guggenheim. Alors qu’un tableau de cette peintre minimaliste serait perdu dans une foire, dans une exposition monographique, il prend toute sa force. Au bout de quinze minutes au contact de ses lignes colorées, on se retrouve happé dans son univers. À chaque voyage, j’essaie de découvrir des expositions. La dernière, c’était Kerry James Marshall, qui place dans des scènes « classiques » des personnages noirs traditionnellement absents des canons de la représentation artistique. J’aime aussi beaucoup les expositions thématiques, comme « Soulèvements », au Jeu de Paume, ou « Carambolages », au Grand Palais, qui représentent un énorme travail de curation. Vous découvrez des œuvres du Moyen Âge mélangées à une tapisserie mexicaine…
Quels sont les photographes les plus excitants ?
J’aime beaucoup les petits Polaroid de Carlo Mollino et les images de Louise Lawler, qui photographie des collections d’œuvres d’art dans leur environnement. Ses clichés sont une réflexion et un pied de nez au monde de l’art.
Fréquentez-vous beaucoup les foires ?
En bon Parisien, je ne rate jamais la FIAC. C’est un grand moment, un événement d’un niveau exceptionnel. Il y a également Art Basel, un rendez-vous très important, ou encore le Tefaf, à Maastricht, des classiques mélangés à des œuvres d’art contemporain. Je suis aussi amateur de la Frieze, à New York. Les foires se succèdent à un rythme effréné, de Turin au Mexique…
Quelles sont vos galeries fétiches ?
Mes galeries favorites à Paris sont celles d’Almine Rech, Air de Paris et Kamel Mennour, qui défendent des choses intéressantes, mais aussi Andrea Rosen, à New York, et Xavier Hufkens, en Belgique.
Votre agence est installée rue de Seine, au cœur d’un quartier de galeristes. Pourquoi un tel choix ?
Il est très plaisant d’être au milieu des galeries, de pouvoir visiter des expositions en sortant du bureau. D’ailleurs, je voudrais y participer en ouvrant moi-même un lieu. La culture, l’architecture et les arts décoratifs sont vraiment notre ciment à nous, les décorateurs français. C’est ce qui fait notre différence par rapport à d’autres pays. Cette tradition française nous distingue et je veux la transmettre à mon tour.
La transmission passe aussi par l’éducation. À l’école Camondo, vous donnez un cours qui s’intitule « L’art et le design : la collection dans le projet ». Pourquoi cet engagement ?
À l’école Camondo, nous avons initié ce cours, sur l’art et le design, cette année, pour expliquer aux étudiants l’importance de l’art comme référence culturelle, mais aussi pour intégrer certaines techniques, cultures et époques dans leur travail. Dans ce cadre, nous avons mis en place un exercice au cours duquel les élèves doivent choisir une collection, un lieu et nous expliquer comment ils intégreraient ces pièces d’art dans l’espace donné. Nous visitons aussi des galeries, des expositions… Il est essentiel de comprendre et de connaître l’art pour mieux installer les œuvres et percevoir l’interpénétration entre nos matières.