Cent ans après son introduction au Salon d’Automne de 1924, la lampe Religieuse de Pierre Chareau reste une icône intemporelle du design. La Galerie MCDE, éditeur des pièces de ce célèbre designer, célèbre cet anniversaire en mettant en lumière l’histoire et l’impact de cette création révolutionnaire.
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La lampe Religieuse : objet design non identifié
Ce luminaire, d’abord baptisé SN31, doit son surnom à sa coiffe, inspirée par la forme de la cornette des religieuses d’alors et qui ajoute une touche de mystère supplémentaire à son allure singulière. Les lignes de la Religieuse marquent un tournant radical dans le monde de la décoration. Composée d’un piètement cylindrique en acajou massif surplombé de quatre feuilles d’albâtre triangulaires, elle est à l’époque une véritable anomalie, rompant avec les conventions du mouvement d’après-guerre.
Dessiné dans un corps de métal en 1923 pour l’appartement Jean et Annie Dalsace, boulevard Saint-Germain, à Paris, la version en bois du lampadaire, décliné ensuite en lampe de table et liseuse, dévoilée au Salon d’Automne de 1924, séduit non seulement la presse mais également les grands noms du moment, dont Héléna Rubinstein et Daniel Dreyfus, qui l’adoptent tous les deux dans leur intérieur. Cet objet design non identifié s’invite par ailleurs sur les plateaux de cinéma, immortalisé cette même année sur pellicule par le réalisateur Marcel L’Herbier dans L’Inhumaine et en 1926 dans Le Vertige – dont les décors sont signés du designer. En 1927, la Religieuse s’expose dans le salon du Grand Hôtel de Tours. Son statut d’objet culte est acté.
L’albâtre devient alors l’une des signatures de Pierre Chareau en matière d’éclairage. En effet, l’architecte né à Bordeaux, fasciné par la lumière douce et chaleureuse qu’elle diffuse et attiré par sa simplicité d’utilisation, ne produira plus que des lampes dans cette matière aux allures de marbre.
Pierre Chareau : pionnier du modernisme
Pierre Chareau, en tant que membre éminent de l’Union des Artistes Modernes (UAM), était un pionnier parmi ses contemporains, aux côtés de figures telles que Francis Jourdain, Charlotte Perriand, Sonia Delaunay et Eileen Gray. Son influence sur le design moderniste est indéniable, et la Maison de Verre, conçue entre 1928 et 1931 avec l’architecte Bernard Bijvoet et le ferronnier Louis Dalbet, en est un témoignage éclatant. Cette œuvre majeure, commandée par le docteur Jean Dalsace, est un exemple fascinant de l’approche novatrice de Chareau en matière d’architecture et de design intérieur.
Depuis les années 1970, la Galerie MCDE, sous la direction de Pierre-Emmanuel Risch, s’engage à préserver l’héritage de Pierre Chareau en rééditant ses pièces emblématiques, dont la lampe Religieuse occupe une place spéciale, témoignant de l’ingéniosité et de la vision de son créateur.
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