Il est le père dessinateur de Cobi, la célèbre mascotte des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Javier Mariscal est un artiste multidisciplinaire, figure marquante dans l’évolution du design catalan. Affilié au groupe italien Memphis, il insuffle à cette discipline une nouvelle dynamique. Sous sa main, le mobilier prend une forme innovante et ironique. Tel fut le cas avec le chariot Hilton.
Le boom du design des années 1980
La fin des années 1970 va marquer un tournant dans une Espagne sortie de la dictature franquiste. Elle s’achemine vers une démocratie et ouvre son commerce à l’international. C’est le moment propice pour les jeunes designers de développer des pièces identitaires, libérées de toute idéologie et surtout appropriées aux problématiques sociales du pays. La région catalane voit naître de nombreuses maisons d’éditions telles que Mobles 114, offrant à cette jeune discipline espagnole, une diffusion à l’internationale. C’est le « boom » du design des années 1980.
Javier Mariscal, figure pionnière du design catalan
Établi à Barcelone comme illustrateur et graphiste, Javier Mariscal intègre rapidement le design dans son œuvre et entremêle ces différentes disciplines. Il imagine alors, avec son ami et technicien Pepe Cortès, un mobilier follement graphique auquel il intègre ce qui fera sa particularité, des éléments ironiques. Son interprétation non-conventionnelle des objets domestiques attirera le regard de la scène italienne et donnera l’opportunité au designer d’exposer au côté du groupe Memphis à la foire internationale de Meuble de Milan en 1981.
Le chariot Hilton : l’influence Memphis
C’est le designer italien Ettore Sottsass qui, lors d’un séjour à Barcelone, remarquera le travail novateur de l’artiste valencien et l’invitera à exposer à la foire milanaise. Il y réalisera le chariot Hilton. Une pièce qui, malgré une nécessité de stabilité, sera imaginée par Mariscal et Cortès à son antipode.
Cette fois-ci, la forme n’est plus au service de l’usage. Inclinée vers l’arrière, la desserte en métal et en verre semble perdre l’équilibre. Une silhouette radicalement géométrique animée par quelques détails de couleurs. Son design, impulsé par le courant Memphis, cherche à fuir la banalité du quotidien à travers des matières industrielles, des couleurs criardes et des formes inattendues. Avec cette desserte, Mariscal échappe au « bon design » du Bauhaus et ouvre la voie à une jeune génération à la fois ancrée dans la création nationale et tournée vers les influences extérieures.