Exposition « Ettore Sottsass, l’objet magique » : le Centre Pompidou célèbre le designer mystique

L’histoire de l’art le retient comme la figure majeure du design anticonformiste et le père fondateur du groupe milanais Memphis. Cet automne, le Centre Pompidou dévoile l'exposition « Ettore Sottsass, l’objet magique » jusqu'au mois de janvier.

Jusqu’au 3 janvier 2022, l’exposition Ettore Sottsass, l’objet magique est à voir au Centre Pompidou. L’occasion de découvrir le parcours de cette figure majeure du design anticonformiste. Celui d’un humaniste spirituel, qui explora tous les champs de création avec une totale liberté. L’exposition retrace les quarante premières années de sa carrière et nous plonge dans le cosmos du créateur italien.

À gauche Armoire Superbox, 1966. Armoire bois, plastique peint, maquette d’armoire conçue pour Poltronova (Italie). Don du designer, 1999. À droite, Beverly, 1981. Meuble avec éclairage, placage en laminé Print d’Abet Laminati. Structure en mutliplis. Eclairage extérieur. 228 x 175 x 49 cm
À gauche Armoire Superbox, 1966. Armoire bois, plastique peint, maquette d’armoire conçue pour Poltronova (Italie). Don du designer, 1999. À droite, Beverly, 1981. Meuble avec éclairage, placage en laminé Print d’Abet Laminati. Structure en mutliplis. Eclairage extérieur. 228 x 175 x 49 cm © ADAGP

Une carrière multidisciplinaire avant Memphis

L’étiquette Memphis lui colle à la peau. Pourtant, il serait dommage et contraire aux idées d’Ettore Sottsass de le cantonner à la création du groupe milanais. Avec cette exposition, le Centre Pompidou rend compte de la pluralité de son oeuvre. Dès les années 1940, il se nourrit des avant-gardes artistiques européennes et développe un langage créatif particulier. Les couleurs, les motifs, les formes et cette touche d’ironie font leur apparition dans ses créations.

Et l’Italien ne compte pas expérimenter ce jeune vocabulaire dans une unique discipline. Il s’aventure alors dans le dessin, la peinture, la sculpture, dont l’exposition rassemble plus de 400 œuvres saisissantes. Car pour Ettore Sottsass, ces disciplines font parties, à part égal, d’un tout cosmique.

La portée symbolique de la céramique

Il théorise ses expériences et jette les bases de son approche créative. Ses réalisations se voient doter d’une dimension symbolique, tissant un nouveau lien entre l’objet et l’espace, entre l’objet et l’homme. Affranchit de l’esthétique rationaliste et fonctionnaliste alors en vigueur, Ettore Sottsass conçoit non plus pour la fonction mais pour l’émotion, l’énergie que suscite l’objet. La céramique fait alors son apparition en 1956 dans la production du designer et devient un support idéal pour développer cette conception mystique. Associées au geste primitif et ancestral du façonneur, les céramiques qu’il imagine sont de véritables totems. Des objets dont la conception architecturale atteste de leurs portées rituelles.

Assiette plate, 1959. Fabricant : Bitossi & Figli, Italie, commande d’Irving Richards. Assiette plate. Céramique, hauteur: 0,5 cm diamètre: 31 cm
Assiette plate, 1959. Fabricant : Bitossi & Figli, Italie, commande d’Irving Richards. Assiette plate. Céramique, hauteur: 0,5 cm diamètre: 31 cm © ADAGP

C’est en 1969, que le créateur italien révèle ce nouveau registre avec l’exposition « Miljo for en ny planet » au musée national de Stockholm. Reconstituée en partie dans les salles du Centre Pompidou, le projet introduit le spectateur dans un ensemble de céramiques monumentales et colorées pour une expérience à la fois physique et psychique.

Photographier le monde, la face cachée du designer italien

Si l’exposition Ettore Sottsass, l’objet magique nous tient encore en haleine, c’est bien pour la passion peu connue qu’Ettore Sottsass voue pour la photographie. Tout au long de sa vie, le créateur ne cessa de voyager. En Inde, découvrant les pensées et les rites orientaux, puis aux États-Unis observant cette société de consommation en plein essor et la culture contestataire du Pop art. L’appareil photographique sera son allié pour capturer ces moments. Il l’accompagnera dans ces voyages spirituels qui nourrirent son œuvre d’une « pensée magique ».

À gauche, maquette spatiale, 1946-47. Objet-sculpture.Tôle, fil métallique, bois. 53,3 x 17 x 18,5 cm. À droite, Strutture tremano, 1979. Haut guéridon à plateau en verre carré supporté par 4 colonnettes torses en métal laqué rose, bleu, vert et jaune, reposant sur une base parallélépipédique plaqué de mélaminé blanc. Verre, acier laqué, stratifié. 119 x 60,2 x 60,2 cm / Plateau : 60,2 x 60,2 x 0.5 cm
À gauche, maquette spatiale, 1946-47. Objet-sculpture.Tôle, fil métallique, bois. 53,3 x 17 x 18,5 cm. À droite, Strutture tremano, 1979. Haut guéridon à plateau en verre carré supporté par 4 colonnettes torses en métal laqué rose, bleu, vert et jaune, reposant sur une base parallélépipédique plaqué de mélaminé blanc. Verre, acier laqué, stratifié. 119 x 60,2 x 60,2 cm / Plateau : 60,2 x 60,2 x 0.5 cm © ADAGP

Ces premières années de création furent décisives dans la réflexion critique qu’Ettore Sottsass portait sur le design. Memphis en fut le point culminant dans les années 1980. Un collectif aux multiples modes d’expressions qui sut libérer l’objet de l’idéologie fonctionnaliste au profit d’une approche émotionnelle et sensorielle. Polyvalence créative et voyage initiatique sont les maitres mots de l’exposition Ettore Sottsass, l’objet magique. Un événement qui baigne le spectateur dans le cosmos du designer,  où le design « est une façon de concevoir la vie ».

> Ettore Sottsass, l’objet magique, jusqu’au 3 janvier 2022 au Centre Pompidou. Site Internet.