Demeures iconiques : la Farnsworth House de Ludwig Mies van der Rohe

Minimaliste au possible, dépouillée pour se concentrer sur l’essentiel, cet emblème de l’architecture moderne célèbre l’osmose entre nature et architecture.

Il fait partie des grands architectes du XXe siècle. Dans l’Illinois, aux États-Unis, Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) a donné forme à la quintessence de sa vision créative à travers la Farnsworth House.


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La Farnsworth House : une vitrine sur la nature

Il est l’un des pères de la construction moderne. Grand architecte du siècle dernier, Ludwig Mies van der Rohe s’est illustré des deux côtés de l’Atlantique à la fois par ses constructions architecturales que par son mobilier. Père du « less is more« , il aboutit à ce minimalisme extrême dans un projet mené durant ses années américaines. Exilé aux États-Unis pour fuir la seconde guerre mondiale, il se fait rapidement un nom, s’installant dans la ville de Chicago. C’est dans une bourgade voisine de la mégalopole, en pleine campagne, qu’il réalise une commande qui allait devenir la parfaite illustration de sa vision : la Farnsworth House.

Cet écrin minimaliste met en valeur le mobilier imaginé par Ludwig Mies van der Rohe.
Cet écrin minimaliste met en valeur le mobilier imaginé par Ludwig Mies van der Rohe. DR

Située sur un domaine forestier de 24 hectares, au bord de la rivière Fox coulant au sud de Chicago, la Farnsworth House est un véritable refuge en pleine nature. Tel était le désir de sa commanditaire, Edith Farnsworth : faire bâtir une villa secondaire, loin du tumulte de la ville, où il lui serait possible de profiter de la beauté des paysages. La doctoresse rêvait d’un refuge où pratiquer le violon et la traduction de poésie, deux passions qu’elle s’imaginait exercer dans un écrin au diapason de la modernité.

Nous sommes en 1945 lorsqu’elle confie son projet à Ludwig Mies van der Rohe. À l’époque, sa réputation n’est plus à faire. Parmi ses constructions phares, on compte déjà le Pavillon Allemand pour l’exposition universelle de 1929, à Barcelone et la Villa Tugendhat en République Tchèque. Du côté de l’objet, il s’est également illustré dans les années 30 grâce à la Barcelona Chair, affirmant son style minimaliste. Edith Farnsworth lui demande alors de réaliser sa maison idéale, dans laquelle il pourrait exprimer tous les principes de sa pratique.

La Farnsworth House a été pensée pour ne faire qu’un avec la nature.
La Farnsworth House a été pensée pour ne faire qu’un avec la nature. DR

De la grande liberté donnée à l’architecte découle une villa dominée par un élément : le verre. Du sol au plafond il s’impose, créant une relation évidente entre intérieur et extérieur. Ce design est en grande partie déterminé par la situation géographique du terrain, entouré d’arbres et longé par le fleuve Fox.

Ludwig Mies van der Rohe en roue libre

Sur les 24 hectares disponibles pour imaginer le projet, l’architecte sélectionne contre toutes attentes la zone la plus complexe du terrain. En effet, toute proche de la rivière, la maison se trouve en zone inondable, une contrainte que Ludwig Mies van der Rohe se plaît à s’imposer pour se challenger. Ainsi, il lui devient nécessaire de penser une maison en suspens, sur pilotis, surélevée du sol et protégée des risques d’inondations.

À l’intérieur, les différents espaces s’entremêlent.
À l’intérieur, les différents espaces s’entremêlent. DR

La villa est pensée comme une pièce unique entourée de verre. Un seul volume dans lequel se mêlent les espaces de vie commune, la chambre à coucher et la cuisine, permettant d’augmenter la sensation de grandeur. Seule la salle de bain et les locaux techniques sont situés dans un espaces clos et abrité des regards. Installés au centre du volume, ils sont confinés dans un bloc fait de bois, un îlot central qui permet d’articuler les différentes fonctions tout autour de lui. Pour générer un sentiment d’intimité, les des rideaux ont été installées aux fenêtres, enveloppant ainsi la maison dans un cocon.

Face au verre des façades, le bois prédomine. Les rideaux crèmes et les plafonds blancs contribuent eux aussi à en faire une page blanche qui permet à Ludwig Mies van der Rohe de mettre en valeur ses propres meubles. Mais encore une fois, « less is more » : peu de mobilier habitent l’espace.

Un modèle d’épure.
Un modèle d’épure. DR

La structure de la Farnsworth House achevée en 1951 et sa notion de pièce unique se retrouveront dans les futurs projets de l’architecte, à l’image du Crown Hall de Chicago, de la Neue Nationalgalerie de Berlin, ou encore du Bacardi Office de Mexico City.


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