Qui n’a jamais rêvé de construire sa propre cabane ? Un abri secret, niché entre ciel et terre. Longtemps cantonnée à l’enfance, elle séduit aujourd’hui des adultes en quête de déconnexion et de nature. « C’est son côté simple qui fait rêver. On se dit: “Je peux le faire” », explique la décoratrice et illustratrice Zoé de Las Cases, qui a dessiné et fait construire sa propre cabane au bord d’un étang en Normandie. Un projet modeste, « du bois de récup’ et un budget d’environ 2000 euros », mais porteur d’un idéal: revenir à l’essentiel sans renoncer à l’esthétique.
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Nouvel art de vivre
Un attrait qui s’est amplifié au moment de la crise sanitaire. « On était assoiffés de voir autre chose que le mur d’en face, se souvient Charline Gerbault, auteure du guide Passion cabane (éd. Elytis), qui recense 100 adresses pour “s’encabaner”. Dès que nous avons eu l’autorisation de quitter Paris, nous sommes partis très vite en forêt avec notre van. »

Avec son compagnon, photographe, elle a sillonné la France à la recherche de cabanes singulières, des plus rustiques aux plus confortables. « Elle est devenue notre fil rouge. Elle offre le luxe du retour à la simplicité. Nous avons expérimenté un très large panel, d’une microcabane à 35 euros la nuit à des lieux ultra-confortables, si ce n’est luxueux, avec bain à remous. » Cette diversité répond à une réalité : une partie de la clientèle urbaine aspire à la nature sans pour autant être prête à renoncer à un certain niveau de confort. « Elle a besoin de conserver ses acquis avant de passer à quelque chose de plus rustique », observe Charline Gerbault.
Si la cabane conserve son aura de refuge poétique, elle s’est aussi métamorphosée sous l’impulsion d’hôteliers et d’architectes. Des acteurs comme Loire Valley Lodges, 48° Nord, Coucoo Cabanes, Youza, Slow Village ou encore Collection Rivages ont transformé l’abri rudimentaire en microarchitecture design et désirable. Bien sûr, il en existait déjà avant cette nouvelle vague haut de gamme.

Des pionniers – comme le C.O. de Calvi, fondé en 1948 – avaient déjà posé les jalons d’une autre façon de vivre les vacances, entre nature et dépouillement. Ses cabanes de plage en bois, sous la pinède, avec vue imprenable sur la baie corse, ont certes été modernisées, mais toutes conservent le charme d’antan. Ce mélange d’héritage et d’évolution incarne parfaitement cette tendance: préserver l’esprit Robinson tout en répondant aux attentes actuelles.
Microarchitecture design et désirable
Cette envie de vie sauvage n’a d’ailleurs pas échappé à un ancien opérateur de camping traditionnel, Collection Rivages, qui a repensé ses sites en réduisant leur densité pour privilégier l’éclosion de beach houses et de cabanes en bois intégrées dans leur environnement.

« Chaque habitat dialogue avec le site : marais salants, gorges, arrière-plages…, explique l’architecte du groupe, Roman Penigaud. Notre démarche s’inscrit dans le régionalisme critique, où l’architecture respecte les paysages tout en proposant des formes contemporaines. À Rive d’Arc, par exemple, nous avons travaillé sur la question du bâti sur pilotis, en référence aux constructions traditionnelles des bords de rivière. À Quiberon, nous avons cherché une résonance formelle avec le cap granitique situé en face, en imaginant un jeu de toitures pentues, comme autant de pointes rocheuses. L’idée est de ne pas imposer un produit standardisé, mais au contraire de prolonger avec justesse le génie du lieu. »
L’intérieur suit la même philosophie: minimalisme, matériaux locaux, espaces traversants pour favoriser la ventilation naturelle… « On a tout dessiné, de l’enveloppe extérieure jusqu’au mobilier », ajoute l’architecte marseillais. Des références majeures guident ces projets, du cabanon de Le Corbusier à l’architecte australien Glenn Murcutt et son élégante simplicité.

Pour Zoé de Las Cases, cette montée en gamme ne gomme pas l’essentiel : « Le luxe, c’est avant tout la nature et le bien-être. Une cabane trop somptueuse peut perdre de son charme. Il faut trouver l’équilibre entre faste et simplicité. »
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