Bienvenue à Portlantis, le nouveau cœur battant de Rotterdam

Il faut se rendre à l’embouchure pour mesurer son étendue. Immense. Cargos de marchandises et grues s’activent dans une frénésie mécanique intense. Un paysage de paquebots de containers, d’entrepôts et de grues à perte de vue, cadré par une rangée d’éoliennes qui s’alignent en bord de mer vers on ne sait quel point de fuite. L’ambiance est aussi brute que fascinante. Bienvenue à Rotterdam, la porte du monde. À 44 km à l’ouest du centre de la ville, sur le terrain de la Maasvlakte 2 artificiellement gagné sur la mer, un nouveau centre d’exposition a ici été érigé par les autorités portuaires. Son nom : Portlantis, une institution de communication visant à faire redécouvrir l’activité du plus grand port européen.

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Portlantis, une tour de guêt

Ce musée passerait presque inaperçu par son design qui évoque à première vue des containers et des préfabriqués empilés les uns sur les autres. Cependant, sa hauteur de près de 30 mètres et sa localisation en front de mer créent comme un repère dans la masse anonyme industrielle. « Portlantis est un phare, il attire l’attention, mais c’est aussi une sorte de tour de guet », introduit ainsi Winy Maas, de l’agence d’architecture MVRDV à l’origine du projet.

Le bâtiment se compose donc de cinq étages empilés et torsadés à manière à être chacun orientés différemment, ouverts à leur environnement grâce à de grandes baies vitrées. Une éolienne et 266 panneaux solaires permettent son autosuffisance énergétique, un type de performance incontournable aujourd’hui. « Ce design anticipe un avenir où l’optimisation de l’espace passe par la superposition et la densification, plutôt que par la prolifération de bâtiments anonymes », commente sobrement Winy Maas, soucieux d’exemplarité en matière d’architecture durable et fier de l’aspect atypique de sa construction qu’il aime croire déjà iconique. À l’extérieur, un escalier s’enroule le long de la façade jusqu’au toit-terrasse, non sans évoquer un certain Centre Georges Pompidou à Paris.

Se familiariser avec le lointain

« Lorsque l’on vit à Rotterdam, le port se trouve à l’horizon, comme une présence lointaine – il est ‘là-bas’ – et beaucoup de gens ignorent ce qui s’y passe réellement. Portlantis représente un moyen d’explorer, de comprendre les différentes évolutions du port, la façon dont ce dernier est lié à la ville et comment il affecte leur propre vie. » Car il faut désormais sensibiliser les visiteurs à l’importance de ce moteur économique, et faire connaître sa transition vers des opérations durables et à faible consommation d’énergie, le port ambitionnant la neutralité carbone dès 2050.

Rotterdam est d’une importance capitale pour l’activité néerlandaise : un hub dynamique très orienté high tech, avec des métiers de pointe et pas moins de 80 000 emplois directs et indirects. Susciter des vocations dès l’enfance est la mission que se donne donc ce nouvel instrument culturel, qui a prévu à cet effet des ateliers ludiques pour ses jeunes visiteurs. Un pari plutôt réussi puisque l’institution, qui ambitionne de réunir 150 000 curieux par an, parvient à combiner efficacement la pédagogie scientifique à une esthétique façon parc d’attraction.

Une vue imprenable

Un atrium en cœur de bâtiment abrite un mobile industriel de grande échelle ainsi qu’une imposante maquette interactive de la zone. L’exposition permanente, sur trois niveaux, traite des avancées en matière de numérisation, d’innovation technologique et de transition énergétique, incluant tantôt un laboratoire de chimie ou bien un simulateur sur grand écran.

Le restaurant du quatrième étage offre quant à lui une vue panoramique complètement hors échelle, où l’on peut admirer les couchers de soleil sur la mer du Nord puis le scintillement des lumières du port à la nuit tombée. Une atmosphère anonyme, froide, et pourtant presque poétique puisqu’elle appelle à l’évasion. C’est le cœur battant de l’Europe : son avenir s’écrit précisément ici.

> Portlantis, Prinses Máximaweg 301. Plus d’informations ici.

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