Peinture, sculpture, design, architecture, photo, cinéma… l’exposition « Italia Veloce » du musée d’art moderne de Troyes puise dans toute la création artistique pour illustrer la naissance de la modernité au début du XXe siècle en Italie. Les pièces présentées proviennent de la riche et très documentée collection de la fondation Massimo et Sonia Cirulli, dont le musée se visite à Bologne.
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Un demi-siècle de création italienne
Le regard de ce couple de collectionneurs italiens fait écho à celui de Pierre et Denise Lévy, industriels troyens qui ont fait don à l’État d’une partie de leur collection en 1976 à la condition qu’un musée soit créé dans leur ville pour l’accueillir.
Dans cette exposition, les visiteurs sont d’abord propulsés chez les futuristes italiens, méconnus en France. Leur exaltation pour la vitesse, la puissance et le progrès technique se distingue dans les toiles d’Umberto Boccioni ou de Giacomo Balla.
Ces peintres célèbrent l’essor de l’automobile, reflet de changements sociétaux jusqu’à l’époque du scooter Lambretta, un temps fabriqué à Troyes. Les artistes illustrent dès les années 20 des campagnes publicitaires, créant des affiches aux allures de tableaux de créateurs: Federico Seneca fait la promotion du chocolat Perugina, Bruno Munari des pneus Pirelli ou Fortunato Depero de la liqueur Campari.
Liberté créative
Dans l’après guerre, les valeurs esthétiques classiques se renforcent, comme sous le pinceau du peintre Giorgio De Chirico. Le mobilier exsude la qualité, tel ce beau fauteuil de Guglielmo Sansoni, dit Tato, réalisé pour une commande privée.
Le déroulement historique de l’exposition ne fait pas l’impasse sur la période fasciste. « Nous avons fait appel à une spécialiste, Lucia Piccioni, pour décrypter cette période », explique Juliette Faivre-Preda, conservatrice du musée et commissaire de l’exposition.
Elle parle de « caméléonisme esthétique » dans une période où artistes et designers créent dans une liberté relative, tandis que le régime reprend à son compte des notions prisées des artistes depuis le futurisme des années 10, comme l’amour de la vitesse ou le culte de l’aviation.
Certains adhèrent à la propagande mussolinienne, d’autres y résistent. Le grand atout de l’exposition est de dévoiler ces œuvres sans éluder la question de leur contexte. Les connaître est un atout pour comprendre la modernité.
> « Italia Veloce : arts et design au XXe siècle ». Au musée d’art moderne de Troyes, 14, place Saint-Pierre, jusqu’au 20 octobre. Musees-troyes.com
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