L’art italien mis à l’honneur au musée d’art moderne de Troyes

Le musée d’art moderne de Troyes met à l’honneur l’art italien des années 10-60 dans une exposition. La richesse du fonds et la contextualisation des œuvres offrent un éclairage précieux sur cette époque.

Peinture, sculpture, design, architecture, photo, cinéma l’exposition « Italia Veloce » du musée d’art moderne de Troyes puise dans toute la création artistique pour illustrer la naissance de la modernité au début du XXe siècle en Italie. Les pièces présentées proviennent de la riche et très documentée collection de la fondation Massimo et Sonia Cirulli, dont le musée se visite à Bologne.


À lire aussi : « Grande Ville » aux Magasins Généraux, l’exposition qui réenchante l’espace urbain


Un demi-siècle de création italienne

Le regard de ce couple de collectionneurs italiens fait écho à celui de Pierre et Denise Lévy, industriels troyens qui ont fait don à l’État d’une partie de leur collection en 1976 à la condition qu’un musée soit créé dans leur ville pour l’accueillir.

Scooter Lambretta, lancé en 1947 à Milan par la société Innocenti.
Scooter Lambretta, lancé en 1947 à Milan par la société Innocenti. CAROLE BELL

Dans cette exposition, les visiteurs sont d’abord propulsés chez les futuristes italiens, méconnus en France. Leur exaltation pour la vitesse, la puissance et le progrès technique se distingue dans les toiles d’Umberto Boccioni ou de Giacomo Balla.

Ces peintres célèbrent l’essor de l’automobile, reflet de changements sociétaux jusqu’à l’époque du scooter Lambretta, un temps fabriqué à Troyes. Les artistes illustrent dès les années 20 des campagnes publicitaires, créant des affiches aux allures de tableaux de créateurs: Federico Seneca fait la promotion du chocolat Perugina, Bruno Munari des pneus Pirelli ou Fortunato Depero de la liqueur Campari.

Liberté créative

Dans l’après guerre, les valeurs esthétiques classiques se renforcent, comme sous le pinceau du peintre Giorgio De Chirico. Le mobilier exsude la qualité, tel ce beau fauteuil de Guglielmo Sansoni, dit Tato, réalisé pour une commande privée.

Téléphone Lillo, Société italienne de communication, 1967.
Téléphone Lillo, Société italienne de communication, 1967. FONDAZIONE MASSIMO E SONIA CIRULLI

Le déroulement historique de l’exposition ne fait pas l’impasse sur la période fasciste. « Nous avons fait appel à une spécialiste, Lucia Piccioni, pour décrypter cette période », explique Juliette Faivre-Preda, conservatrice du musée et commissaire de l’exposition.

Elle parle de « caméléonisme esthétique » dans une période où artistes et designers créent dans une liberté relative, tandis que le régime reprend à son compte des notions prisées des artistes depuis le futurisme des années 10, comme l’amour de la vitesse ou le culte de l’aviation.

Certains adhèrent à la propagande mussolinienne, d’autres y résistent. Le grand atout de l’exposition est de dévoiler ces œuvres sans éluder la question de leur contexte. Les connaître est un atout pour comprendre la modernité.

> « Italia Veloce : arts et design au XXe  siècle ». Au musée d’art moderne de Troyes, 14, place Saint-Pierre, jusqu’au 20 octobre. Musees-troyes.com


À lire aussi : L’Hôtel Solvay consacre une exposition retrospective à Ado Chale

The Good Spots Destination France