Architecture : Une Babel contre la faim

Un gratte-ciel pédagogique pour aider les populations de l’Afrique subsaharienne à augmenter la rentabilité de leurs terres ? C’est le projet imaginé par Pawel Lipinski et Mateusz Frankowski, lauréats du concours d’idées eVolo Skyscraper 2017. Décryptage.

Depuis 2006, le magazine américain eVolo organise chaque année un concours international, invitant les architectes à imaginer un gratte-ciel innovant. Pour cette édition 2017, pas moins de 444 propositions ont été soumises au jury, dont faisait partie, entre autres, Manuelle Gautrand. Trois prix ont été décernés ainsi que 22 mentions honorables. Pawel Lipinski et Mateusz Frankowski occupent la première place du podium avec leur projet « Mashambas Skyscraper ».

Le « Mashambas Skyscraper » mise sur la mutualisation des connaissances et des techniques pour développer une agriculture la plus productive possible, mais toujours respectueuse de son environnement.
Le « Mashambas Skyscraper » mise sur la mutualisation des connaissances et des techniques pour développer une agriculture la plus productive possible, mais toujours respectueuse de son environnement. DR

Pour endiguer la famine qui sévit en Afrique subsaharienne, les architectes polonais ont imaginé une tour hybride qui s’installe auprès des petits agriculteurs. Objectif ? Opérer une « révolution verte » au moyen d’une ferme pédagogique qui leur permette d’apprendre à démultiplier la rentabilité de leurs terres.

Éducation, formation aux techniques agricoles contemporaines et à la négociation, fourniture d’engrais peu coûteux et d’outils modernes : Mashambas regroupe une palette globale de services et peut se déplacer vers d’autres lieux une fois l’autosuffisance atteinte. Des éléments modulaires simples à assembler, à démonter et à transporter composent une structure de grande hauteur à l’emprise au sol réduite.

Cette structure modulaire à l’emprise au sol réduite regroupe de multiples services à destination des petits paysans de l’Afrique subsaharienne, en quête d’autosuffisance alimentaire.
Cette structure modulaire à l’emprise au sol réduite regroupe de multiples services à destination des petits paysans de l’Afrique subsaharienne, en quête d’autosuffisance alimentaire. DR

« Aujourd’hui, expliquent les architectes concepteurs du projet, la faim et la pauvreté sont des sujets que l’on associe souvent à l’Afrique, mais n’oublions pas que la population mondiale atteindra vraisemblablement les 9 milliards d’ici 2050. Les scientifiques mettent en garde contre le risque d’une pénurie alimentaire mondiale. Les terres agricoles fertiles d’Afrique pourraient ainsi nourrir non seulement leur propre population en pleine croissance, mais aussi le monde entier. » Un enjeu pour demain qui mérite bien que l’on s’y attarde aujourd’hui.

Le choix d’une structure en arches n’est pas qu’esthétique. L’interstice entre chaque voûte permet d’y insérer la terre nécessaire aux cultures.
Le choix d’une structure en arches n’est pas qu’esthétique. L’interstice entre chaque voûte permet d’y insérer la terre nécessaire aux cultures. DR