Franchir le seuil de la Galerie Roger-Viollet constitue déjà un voyage en soi. Du sol au plafond, les iconiques boîtes d’archives de l’agence s’alignent contre les murs tandis que les photographies exposées, ici celles d’Alain Adler, ramènent en un regard à des temps révolus et pourtant légendaires.
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Au centre, le noir et blanc des tabourets imaginés par Wendy Andreu fait écho à celui des quatre-vingt-cinq tirages présentés de cet immigré juif hongrois.
Conçue par Guillaume Adler, neveu du photographe, l’exposition montre sa capacité à capturer les acteurs et actrices pendant les temps morts des tournages, offrant ainsi la possibilité de les observer à distance de leurs personnages.
L’envers du décor de films, comme Ascenseur pour l’échafaud (Louis Malle, 1958), À bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960) ou encore Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962), est aussi révélé puisque tout l’intérêt du photographe de plateau consiste à offrir un regard parallèle à celui que propose la caméra du réalisateur.
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Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale puis rédacteur, Alain Adler se dirige peu à peu vers la photographie et collabore avec de grandes revues françaises de cinéma. Son tempérament discret, voire secret, lui permet de saisir avec spontanéité et justesse l’atmosphère de chaque tournage sur lequel il se rend.
Un sourire échangé entre Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo, une accolade entre la jeune Catherine Demongeot et Philippe Noiret, Annie Girardot perdue dans ses pensées pendant une pause cigarette…
Miroirs d’une époque, les photographies dévoilent aussi bien l’intimité des liens qui se créent lors de ces heures si particulières que les moments suspendus où les acteurs se recentrent, se détendent ou s’abandonnent.
En arrêtant sa carrière de photographe à la fin des années 60, Alain Adler laisse derrière lui ces instantanés, qui, à la manière d’une odeur nous propulsant au pays des souvenirs, réveillent un monde que l’on croyait disparu.
> « Alain Adler, la photographie de cinéma sur un plateau ». À la Galerie RogerViollet, 6, rue de Seine, 75006 Paris, jusqu’au 24 juin. Galerie-roger-viollet.fr
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