Détruite à 85 % par les bombes alliées en janvier 1945, Royan reprend pied dans les années 50 sous l’égide de l’architecte et urbaniste Claude Ferret, à qui l’on confie la mission de redessiner la ville. Entouré d’une centaine d’architectes de l’école de Bordeaux, il mène ce projet à bien en une dizaine d’années. Devenue à la mode dans les années 60, la station balnéaire tombe ensuite dans l’oubli avant de susciter un regain d’intérêt à l’orée du XXIe siècle. Appréciée aujourd’hui à sa juste valeur, on parle d’elle comme d’un patrimoine architectural à redécouvrir.
C’est la décoratrice d’intérieur Florence Deau, également blogueuse design, qui nous raconte la ville et nous ouvre les portes d’une des maisons emblématiques de cette époque. Passionnée d’architecture et de photographie, très liée au réseau Instagram, elle apprécie en particulier les matières et les formes. Après une dizaine d’années passées aux quatre coins du monde, la décoratrice est revenue à sa terre natale avec mille et un projets.
Récemment, lorsqu’un entrepreneur dans l’immobilier, passionné par le vin et la gastronomie, lui a proposé de revisiter un ancien bâtiment administratif resté longtemps à l’abandon et dont il s’était porté acquéreur, elle n’a pas eu d’hésitation. Appartenant aux Ponts et Chaussées, la structure comprenait un garage et des remises au niveau de la rue, des bureaux au premier étage et un logement de fonction au deuxième.
Après l’achat, sa destination n’a changé qu’en partie. Au rez-de-chaussée, Florence Deau a conçu une cave à vin avec un espace de restauration, Cave 1950, et, au deuxième étage, un appartement privatif investi par le propriétaire, qui déclare être tombé amoureux du lieu. « Depuis quelques années, les acteurs de la ville s’attellent à la protection et à la mise en valeur de son patrimoine architectural. C’est le cas de ce bâtiment désormais considéré comme une référence. Restauré à l’identique, il a repris sa force et toute son identité. Ce fil rouge traverse l’intérieur, où la tendance années 50 est très présente tout en s’ouvrant sur des propositions plus actuelles», affirme la décoratrice. L’accès à l’appartement se fait par une volée de marches d’époque éclairée par une paroi en brique de verre. Dedans, c’est la lumière qui donne le ton à toute heure et par tous les temps, pendant que l’Océan dessine au loin la ligne d’horizon.
Tous les espaces ont gardé leur distribution initiale. Le couloir d’entrée divise les parties jour et nuit. La seule modification concerne le mur de séparation entre la cuisine et la zone de repas, supprimé pour donner davantage d’ampleur et permettre une meilleure circulation. À la place, Florence Deau a créé un agencement ajouré, sorte de damier en métal et en plaques de bois qui garde la transparence tout en dissimulant les éléments techniques de la cuisine.
Spacieuse, rationnelle et entièrement réalisée sur mesure, cette dernière a été pensée pour le maître des lieux, qui, fin gourmet, aime inviter ses amis.
Dans la partie jour, la cheminée est conçue comme un point d’ancrage : s’élevant du sol au plafond, elle exhibe une allure sculpturale soulignée par un appareillage de pierres jointées typique de la région. L’espace à vivre se développe tout autour et ouvre sur la terrasse avec vue sur l’Océan. Il s’en dégage une atmosphère puissante et paisible où émergent les nuances chaudes du marron, de l’écru et du blanc. De belles pièces d’antiquaire des années 50 y alternent avec du mobilier contemporain, choisi dans le même esprit.
Côté nuit, toutes les chambres sont de taille relativement réduite. Meublées sur mesure, elles affichent une tonalité estivale, ravivée par des textiles vintage aux couleurs affirmées. Atmosphère Royan 1950 assurée ! On peut dire que Florence Deau a remporté son pari.