Ce cadre fort est souligné par des interventions minimales apportées lors de son réaménagement, notamment une mezzanine qui accueille la chambre à coucher et, en dessous, une salle de bains et une cuisine. « Je voulais que les additions nécessaires à rendre le lieu habitable conservent un aspect temporaire. Plutôt que les rendre invisibles, je trouvais intéressant de donner l’impression de transformations momentanées, qui puissent être retirées », explique le propriétaire, épaulé dans sa tâche par l’architecte Massimo Carnemolla, sicilien lui aussi.
Les espaces du cloître racontent à la fois l’œuvre de peintre et les passions de Sergio Fiorentino : de nombreuses pièces de design du XXe siècle, certaines signées par des maestri comme Gio Ponti avec ses chaises Superleggera (1951) ou une lampe de Luigi Caccia Dominioni pour Azucena (1950). Quelques meubles ont été réalisés par Sergio lui-même : une série de parallélépipèdes reposant chacun sur deux pieds tubulaires en laiton qui semblent traverser le meuble du sol vers le plafond ou vers les murs latéraux pour le fixer. En rappel, un autre tube doré descend de la mezzanine vers la cuisine, le tout composant une armature originale et, en même temps, une installation qui s’intègre parfaitement dans ce contexte architectural.
Dans cet intérieur, une attention spéciale est réservée aux céramiques, véritables objets de collection : faïences anciennes de Caltagirone, objets futuristes et vases Rometti dessinés par Sergio Fiorentino. On remarque tout particulièrement une baigneuse en faïence qui lève les yeux vers un vitrail majestueux qui l’inonde de lumière, une création de l’artiste, architecte et designer Ugo La Pietra.
Aux murs s’exposent les œuvres picturales de Sergio Fiorentino, produites ici : des visages et des corps sur fonds clairs, unis. L’artiste ne cache pas son intérêt pour les figures humaines. Les sujets aux expressions et attitudes intenses semblent couverts d’un voile, d’une patine aqueuse comme un filtre. « Petit à petit, je me suis rapproché des sujets, j’ai réduit la distance. Mais, ces derniers temps, je me suis détaché de cette vision et suis parvenu à travailler sur quelques paysages, des paysages qui semblent faits de chair, sott’acqua (sous l’eau) », décrit-il. A-t-il peint sa maison ? Sergio dit que non et reste pensif un instant. Puis il se ranime : « Dans une représentation de Noto, dessinée selon une perspective étirée, le point de départ, en effet, est mon studio, un point rouge vu de très loin. » Une manière de dire, sans insister, que désormais le monde de Sergio Fiorentino part d’ici.