L’architecte Antonio G. Martiniello habite, travaille et reçoit depuis vingt ans dans un appartement situé dans un palais du XVIIe siècle. Le propriétaire y a semé de l’art et du design contemporains qui dynamisent ce lieu chargé d’histoire.
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Entre passé et présent
Via Foria, en face du jardin botanique, le Palazzo Ruffo di Castelcicala abrite l’appartement et le studio Keller Architettura d’Antonio G. Martiniello. Dans cet édifice construit en 1690, le blason de la famille Ruffo arborant la devise Nunquam retrorsum (« Ne jamais reculer ») surmonte toujours l’escalier en piperno (pierre volcanique) de l’entrée.
L’architecte vit et travaille depuis 2004 dans les douze pièces réparties sur 400 m2 du deuxième étage. Cette année-là, il souhaite s’installer à Naples, et l’occasion lui est donnée de visiter les lieux, qui correspondent exactement à ce qu’il recherche.
Vue sur la cuisine depuis le salon. Table et chaises Fiarm. Au mur, œuvre de Stefano Dordiglione.
Sur la console du XVIIIe siècle, lampe Taccia, d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni (Flos). Applique Tolomeo Braccio, de Michele De Lucchi (Artemide). Derrière la porte coulissante en Plexiglas rouge se trouve la cuisine.
Dans la même pièce, au sol recouvert d’un nouveau parquet, table en verre et en acier, années 1970, vases d’Andrea Anastasio (Galleria Luisa Delle Piane). Chaise de Giotto Stoppino (Kartell, années 1970). Lampadaire Coupé, de Joe Colombo (Oluce).
Dans la chambre réservée aux résidents artistes et designers, également meublée de la table et des chaises Fiarm, un liseré orange court sur les murs créant un lien entre l’espace nuit et l’espace bureau. Lampe vintage achetée sur un marché lors d’un voyage. Bougeoirs de la collection « Transmission », de Diesel (Seletti). Luminaire créé par Antonio G. Martiniello.
Dans la chambre, le lit sur mesure est séparé de la salle de bains par une cloison en polycarbonate alvéolaire maintenue par une structure métallique. Applique Sticky, de Chris Kabel (Droog Design). Table de chevet Pallucco. Fauteuil vintage, années 1960. Au mur, œuvre de Mario Pellegrino.
Dans la chambre, le lit sur mesure est séparé de la salle de bains par une cloison en polycarbonate alvéolaire maintenue par une structure métallique. Applique Sticky, de Chris Kabel (Droog Design). Table de chevet Pallucco. Fauteuil vintage, années 1960. Au mur, œuvre de Mario Pellegrino.
Dans l’ancienne bibliothèque, devenue le séjour, sur la table imaginée par l’architecte, les éléments décoratifs proviennent d’un antiquaire. Sur le mur, œuvre d’Alberto Tadiello. Table basse Demetrio 70 et fauteuils Vicario, de Vico Magistretti (Artemide, années 1970).
chinoise», un liseré orange court sur les murs créant un lien entre l’espace nuit et l’espace bureau. Meuble bas Riflesso d’Onda, de Claudio Lovadina (Minottiitalia), faisant office de tête de lit. Lampe vintage achetée sur un marché lors d’un voyage. Fauteuils Poltrona Frau revêtus de tissu Moooi.
L’une des pièces faisant partie du studio Keller Architettura est revêtue du papier peint à la main d’origine. Chaise vintage Omkstack, de Rodney Kinsman (Bieffeplast Padova, 1971). Au mur, lithographie signée Harry Pearce (Pentagram).
Dans la chambre réservée aux résidents artistes et designers, également meublée de la table et des chaises Fiarm, un liseré orange court sur les murs créant un lien entre l’espace nuit et l’espace bureau. Lampe vintage achetée sur un marché lors d’un voyage. Bougeoirs de la collection « Transmission », de Diesel (Seletti). Luminaire créé par Antonio G. Martiniello.
Dans l’ancienne bibliothèque,
devenue le séjour, canapé
en Alcantara Pier luigi Frighetto.
Fauteuils Artemide, années 1960.
Au-dessus de la bibliothèque
Ycami, tableau de Kelvin Grey.
Le néon et l’œuvre composée
Fauteuils Artemide, années 1960. Au-dessus de la bibliothèque Ycami, tableau de Kelvin Grey. Le néon et l’œuvre composée d’éléments en fer émaillé plantés dans le mur sont signés Rosy.dans le mur sont signés Rosy
Dans la chambre réservée aux résidents artistes et designers, également meublée de la table et des chaises Fiarm, un liseré orange court sur les murs créant un lien entre l’espace nuit et l’espace bureau. Lampe vintage achetée sur un marché lors d’un voyage. Bougeoirs de la collection « Transmission », de Diesel (Seletti). Luminaire créé par Antonio G. Martiniello.
L’escalier du Palazzo Ruffo di Castelcicala conserve intacts son architecture d’arcs en plein cintre du XVIIe siècle et son sol en pierre volcanique piperno.
Dans l’une des pièces réservées au studio Keller Architettura, canapé scandinave vintage, années 1950, habillé d’un tissu Dedar. Prototype d’un lampadaire du groupe Memphis.
Dans le bureau d’Antonio G. Martiniello, le plafond est orné de décorations datant du XIXe siècle. Sur le bureau d’Osvaldo Borsani (Tecno, 1958), lampe vintage, années 1960. Au mur, néon réalisé par les musiciens anglais Fischerspooner.
Martiniello, le plafond est orné de
décorations datant du XIX
e
siècle. Sur
le bureau d’Osvaldo Borsani (Tecno,
1958), lampe vintage, années 1960. Au
mur, néon réalisé par les musiciens
anglais Fischerspooner.
Antonio G. Martiniello, fondateur de Keller Architettura, dans l’escalier de l’entrée du palais au sol en piperno, une pierre volcanique souvent utilisée dans ces édifi ces napolitains.
« La clarté et les grands espaces m’ont tout de suite séduit. Ici, la lumière est présente toute la journée. C’est une caractéristique de cet appartement situé dans un bâtiment conçu en fonction de l’orientation du soleil, comme l’étaient d’autres constructions datant de la même époque. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le jardin botanique a été installé en face », explique Antonio G. Martiniello.
L’étage se divise entre le studio d’architecture et la partie habitation. Des événements culturels y sont organisés, et des architectes, artisans et artistes du monde entier y viennent régulièrement en résidence. Quand le propriétaire a investi cet endroit, tout le mobilier avait disparu et certains éléments tels que des planchers et des portes avaient été enlevés.
Il a fallu refaire des travaux de consolidation structurelle, la plomberie et intervenir sur des plafonds et des murs. « Pour ces derniers, nous avons procédé à une restauration complète des décorations réalisées lors de la rénovation au XIXe siècle. Là où le sol d’origine manquait, du parquet a été posé. En totale rupture avec la riggiola di Capodimonte, de la faïence émaillée typique de la région », détaille l’architecte.
Ce dernier a toujours vécu dans de l’ancien, mais en y apportant systématiquement une touche contemporaine. « Il n’existe pas de règle concernant la décoration d’une maison, destinée avant tout aux personnes qui y vivent, professe-t-il. Cet appartement est ainsi en constante évolution avec des meubles qui, au fil des années, sont remplacés par d’autres provenant, par exemple, de mes voyages ou de ma famille. » Pour preuve, la bibliothèque de 80 m2 et de 5 m de hauteur, modifiée en séjour, est fréquemment aménagée avec de nouvelles pièces.
Un parfum de poésie
Selon le propriétaire, le dialogue entre l’esprit des lieux, le mobilier et les œuvres d’art est à l’image de la ville. « J’aime Naples, je défends mes racines même si je me sens très européen. Ici, tout ce qui est nouveau est rapidement digéré et transformé. Cela m’intéresse donc de développer un langage architectural dynamique et innovant qui reprend la mémoire d’un endroit et la projette dans la modernité. Passé, présent, futur, tout cela participe d’un continuum. » Ainsi pas question de créer un sanctuaire.
L’association de design, d’art et d’éléments historiques exhale un parfum de poésie. Comme ce papier peint à la main abîmé, conservé à dessein, qui semble reprendre vie au contact de la lithographie Circo di Mosca, de Harry Pearce. Dans le même esprit, d’autres créations contemporaines signées Salvino Campos, Andrea Anastasio, Ryan Mendoza ou Alberto Tadiello ponctuent l’ensemble de l’appartement.
Du mobilier au design industriel pimente aussi l’espace, dont certaines icônes vintage telle la lampe Taccia (1962), des frères Castiglioni. Pour Antonio G. Martiniello, la gageure a été de ne pas privilégier l’art ou le design pour montrer combien un lieu historique peut être inspirant.
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