À Naples, un palais baroque transformé en laboratoire arty

À Naples, dans un palais du XVIIe siècle, l’architecte Antonio G. Martiniello redonne vie aux dorures d’antan avec du design contemporain, des œuvres d’art piquantes et une bonne dose de poésie. Résultat : un lieu en perpétuelle mutation, aussi inspirant qu’irrévérencieux.

L’architecte Antonio G. Martiniello habite, travaille et reçoit depuis vingt ans dans un appartement situé dans un palais du XVIIe siècle. Le propriétaire y a semé de l’art et du design contemporains qui dynamisent ce lieu chargé d’histoire.


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Entre passé et présent

Via Foria, en face du jardin botanique, le Palazzo Ruffo di Castelcicala abrite l’appartement et le studio Keller Architettura d’Antonio G. Martiniello. Dans cet édifice construit en 1690, le blason de la famille Ruffo arborant la devise Nunquam retrorsum (« Ne jamais reculer ») surmonte toujours l’escalier en piperno (pierre volcanique) de l’entrée.

L’architecte vit et travaille depuis 2004 dans les douze pièces réparties sur 400 m2 du deuxième étage. Cette année-là, il souhaite s’installer à Naples, et l’occasion lui est donnée de visiter les lieux, qui correspondent exactement à ce qu’il recherche.

« La clarté et les grands espaces m’ont tout de suite séduit. Ici, la lumière est présente toute la journée. C’est une caractéristique de cet appartement situé dans un bâtiment conçu en fonction de l’orientation du soleil, comme l’étaient d’autres constructions datant de la même époque. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le jardin botanique a été installé en face », explique Antonio G. Martiniello.

L’étage se divise entre le studio d’architecture et la partie habitation. Des événements culturels y sont organisés, et des architectes, artisans et artistes du monde entier y viennent régulièrement en résidence. Quand le propriétaire a investi cet endroit, tout le mobilier avait disparu et certains éléments tels que des planchers et des portes avaient été enlevés.

Il a fallu refaire des travaux de consolidation structurelle, la plomberie et intervenir sur des plafonds et des murs. « Pour ces derniers, nous avons procédé à une restauration complète des décorations réalisées lors de la rénovation au XIXe siècle. Là où le sol d’origine manquait, du parquet a été posé. En totale rupture avec la riggiola di Capodimonte, de la faïence émaillée typique de la région », détaille l’architecte.

Ce dernier a toujours vécu dans de l’ancien, mais en y apportant systématiquement une touche contemporaine. « Il n’existe pas de règle concernant la décoration d’une maison, destinée avant tout aux personnes qui y vivent, professe-t-il. Cet appartement est ainsi en constante évolution avec des meubles qui, au fil des années, sont remplacés par d’autres provenant, par exemple, de mes voyages ou de ma famille. » Pour preuve, la bibliothèque de 80 m2 et de 5 m de hauteur, modifiée en séjour, est fréquemment aménagée avec de nouvelles pièces.

Un parfum de poésie

Selon le propriétaire, le dialogue entre l’esprit des lieux, le mobilier et les œuvres d’art est à l’image de la ville. « J’aime Naples, je défends mes racines même si je me sens très européen. Ici, tout ce qui est nouveau est rapidement digéré et transformé. Cela m’intéresse donc de développer un langage architectural dynamique et innovant qui reprend la mémoire d’un endroit et la projette dans la modernité. Passé, présent, futur, tout cela participe d’un continuum. » Ainsi pas question de créer un sanctuaire.

L’association de design, d’art et d’éléments historiques exhale un parfum de poésie. Comme ce papier peint à la main abîmé, conservé à dessein, qui semble reprendre vie au contact de la lithographie Circo di Mosca, de Harry Pearce. Dans le même esprit, d’autres créations contemporaines signées Salvino Campos, Andrea Anastasio, Ryan Mendoza ou Alberto Tadiello ponctuent l’ensemble de l’appartement.

Du mobilier au design industriel pimente aussi l’espace, dont certaines icônes vintage telle la lampe Taccia (1962), des frères Castiglioni. Pour Antonio G. Martiniello, la gageure a été de ne pas privilégier l’art ou le design pour montrer combien un lieu historique peut être inspirant.


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