Luminaire bien connu des intérieurs cossus, la lampe Snoopy, éditée chez Flos, en impose avec son pied de marbre et son imposant abat-jour. L’histoire qui se cache derrière cette pièce théâtrale est pourtant bien moins sérieuse qu’il n’y paraît.
1950 est l’année de naissance d’un chien beagle qui va marquer l’histoire du comic. Son nom ? Snoopy. Pensé par l’auteur de bande dessinée Charles M. Schulz, ce canidé n’est décidément pas comme les autres. En plus d’être un aspirant écrivain, le compagnon de Charlie Parker voit son profil immortalisé dix-sept ans plus tard par deux frères italiens. Nés de l’autre côté de l’Atlantique, Achille et Pier Giacomo Castiglioni, fils du sculpteur Giannino Castiglioni embrassent, tout comme leur frère Livio, l’architecture. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les programmes architecturaux manquent. Achille et Pier Giacomo font alors le choix de se tourner vers le design.
Leur style ? Minimaliste. La fioriture n’est pas à l’ordre du jour. Chaque millimètre d’un objet doit répondre à sa fonction et à une nécessité technique. Tout comme Mies van der Rohe qui prônait la sobriété avec son « Less is more», les frères Castiglioni ont célébré l’épure avec leur punchline personnelle : « Jusqu’à ce que vous ne puissiez pas faire moins ». Une philosophie qui a donné naissance à la fameuse lampe « Snoopy» en 67.
Éditée par Flos, la lampe Snoopy s’appuie sur une base en marbre blanc de Carrare, sur lequel se dresse un capteur, permettant d’allumer et de moduler l’intensité de la lumière. Celle-ci se coiffe d’un abat-jour en acier émaillé, posé sur une plaque de verre. Un abat-jour dont le profil généreux suggère, sans surprise, le museau du célèbre chien, et qui, avec ses trois trous de refroidissement, évoque une boule de bowling. Lourde de presque huit kilos, cette petite sculpture à la silhouette penchée mais à l’équilibre certain se chapeaute de noir, de vert et d’orange. Un petit bijou qui s’est offert une version mate, à l’occasion de ses cinquante printemps.
Surprenante par son allure et sa modernité, la lampe Snoopy synthétise la ligne de conduite du duo italien. La simplicité, oui, mais uniquement si elle s’accompagne de fantaisie. « Il doit y avoir de l’ironie, à la fois dans le design et les objets, expliquait Achille Castiglioni. Je vois autour de moi une maladie professionnelle : celle de prendre chaque chose avec trop de sérieux. Un de mes secrets est toujours de plaisanter… »
