En septembre dernier, durant l’exposition « Etat(s) de matière » organisée par le Fonds de dotation Verrecchia, Miles Le Gras présentait «Grands Boulevards », une collection de trois pièces de mobilier réalisées en pierre et en zinc. « Cette résidence m’a permis de développer une nouvelle facette de mon projet de diplôme « Roofers », qui met en lumière le savoir-faire des couvreurs zingueurs de Paris.»
À la recherche d’un design émotionnel
Durant trois ans, Miles Le Gras étudie à l’ENSAAMA — une école spécialisée dans les Arts appliqués et les métiers d’art du 15e arrondissement de Paris : « J’y ai découvert le design produit et réalisé que la conception d’objets répondait en fait à tous les aspects de la création auxquels j’étais sensible. » En 2016, le designer se dirige vers l’école internationale de la Design Academy Eindhoven où il décroche un Bachelor en Art et Design et rencontre son ami et futur associé, Baptiste Comte. Les deux jeunes designers fondent, six ans plus tard, le studio de design Epoc et participent à la bourse de design Zuiver qu’ils remportent haut la main. L’année suivante, l’éditeur de design leur permet de concevoir leur canapé et de le présenter au salon Maison & Objet.
Selon Miles, le design de mobilier permet de faire ressurgir des souvenirs jusque là enfouis : « Le design est un relais, une porte ouverte sur notre imaginaire et qui nous rattache au réel. J’affectionne les choses qui vont déclencher en nous des connexions avec notre versant secret. » Une certaine pérennité se crée avec l’objet que l’on possède dès lors que nous lui apportons de l’importance : c’est cette intemporalité que le designer souhaite révéler à travers ses créations. Le designer observe : « Il est important qu’un objet nous questionne, qu’il nous pousse à comprendre sa provenance et son histoire, tout autant que la nôtre. »
Un penchant pour l’architecture
Rêveur, Miles passe son temps libre à flâner dans les rues parisiennes à la recherche d’une subtilité architecturale. Il affirme : « J’aime m’arrêter sur des détails auxquels on accorde souvent peu d’importance : un emboîtement d’immeuble inattendu, un appartement prenant l’apparence d’une maison perchée sur une tour, les vestiges d’anciennes fondations encore visibles mais presque secrètes… J’aime les villes dans lesquelles des pans de l’histoire s’entrechoquent. »
Depuis son projet de fin d’étude « Roofers » – couvreurs en français -, Miles le Gras met en lumière la spécificité du zinc dans l’architecture parisienne. Présent sur les toits des appartements haussmanniens à partir du milieu du 19e siècle, ce matériau économique et pratique avait pour objectif de créer plus d’espace au sein des logements. « Au cours de mon diplôme, j’envisageais déjà d’associer ce matériau à la pierre calcaire, elle aussi très emblématique des immeubles parisiens. Cette résidence artistique au Fonds de dotation Verrecchia était une opportunité parfaite pour concrétiser cette idée. »
Une structure fait à la main
C’est à partir de cette source d’inspiration que le designer a imaginé la série « Grands Boulevards ». Réalisée à partir d’une technique appelée « coulisseau plat », les structures en zinc pigmenté de la console et du guéridon mais aussi celle en zinc recyclé de la vasque rendent hommage au savoir-faire des couvreurs dans leur manière d’assembler sans soudure : « Les parties de zinc sont façonnées à partir de feuilles que je viens découper, plier et marteler à l’aide d’outils propres à la zinguerie. » Par leur forme cannelée, les pieds du guéridon et de la console rappellent les colonnes du temple de Vénus et de Rome alors que la partie en pierre, elle, reflète les façades haussmanniennes.
Ce mois-ci, le designer entre en résidence dans l’incubateur du Bureau du Design, de la Mode et des Métiers d’Art des ateliers de Paris. Une opportunité qui lui permet de disposer d’un atelier pour travailler sur ses futurs projets.
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