Si le retour des fraîches journées d’automne en rebute certains, les murs des musées se parent des plus belles couleurs pour réchauffer les coeurs – et les corps – des visiteurs. Cette saison, les femmes sont à l’honneur : la preuve avec ces trois expositions à voir à Paris à l’automne 2022.
Sally Gabori à la Fondation Cartier
Ce n’est qu’à l’âge de 80 ans que Sally Gabori se met à peindre des toiles dont les couleurs intenses évoquent celles des artistes simultanéistes comme Sonia Delaunay. La Fondation Cartier lui consacre une exposition à titre posthume jusqu’au 6 novembre 2022, pensée par la commissaire d’exposition Juliette Lecorne en collaboration la famille de l’artiste et la communauté Kaiadilt à laquelle elle appartenait.
Puissant témoignage visuel de ces neuf années passées à recouvrir les toiles de formes colorées, cette exposition permet la découverte d’un travail de grande envergure qui raconte l’histoire du peuple Kaiadilt. Installé sur l’île Bentinck au large de l’Australie, il est le dernier à avoir été au contact des colons européens. Forcés à l’exil, les derniers membres de cette petite communauté ne pourront retrouver leur terre que des décennies après leur évacuation.
Les paysages que la coloriste représente lui permettent de se replonger dans les lieux de son enfance et de les reconstituer visuellement. Une trentaine de pièces monumentales de 6 mètres de long exécutées avec un pinceau fin et de la peinture aux couleurs éclatantes dialoguent avec le bâtiment à l’ossature de verre conçu par Jean Nouvel, et ce jusqu’au 6 novembre prochain.
Si à première vue, les toiles ne semblent pas figuratives, c’est que Sally Gabori trouble la perception du spectateur en combinant les couleurs, en jouant avec les formes et en superposant les surfaces. Nourries par la richesse des paysages de son île natale, ses peintures sont à la fois des clins d’œil à la topographie de son environnement et des transcriptions des souvenirs qui la lient à sa famille et à son peuple.
> Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, présentée à la Fondation Cartier jusqu’au 6 novembre 2022.
Frida Kahlo au Palais Galliera
Jusqu’au 5 mars 2023, le Palais Galliera dédie une exposition à l’iconique artiste mexicaine Frida Kahlo qui avait déjà été le sujet d’une rétrospective avec Diego Rivera au musée de l’Orangerie en 2013. Sa popularité n’ayant cessé de croitre au fil des années, cette manifestation de grande envergure est l’occasion de s’éloigner des sentiers battus et de permettre aux visiteurs de comprendre la façon dont la peintre s’est construite.
En étroite collaboration avec le Museo Frida Kahlo de Mexico, le Palais Galliera a réuni plus de 200 objets ayant appartenu à la peintre. Des vêtements, des accessoires, des médicaments, des correspondances, des images inédites… Ses effets personnels permettent une relecture éclairée de la tumultueuse vie de l’artiste.
Le parcours de l’exposition se veut à la fois biographique et thématique. Il dévoile autant l’influence de l’héritage culturel et parental sur son travail – avec notamment ce goût prononcé pour les vêtements traditionnels, la mise en scène et l’autoportrait – que sa résilience face à de nombreux traumatismes.
En prime, une exposition-capsule met en lumière la fascination qu’exerce Frida Kahlo sur l’univers de la mode, jusqu’au 31 décembre. Inspirées de son univers haut en couleurs et de sa capacité à jouer avec ses vêtements et accessoires pour s’inventer de multiples identités, de nombreuses pièces signées Jean-Paul Gauthier et Maria Grazia Chiuri sont ainsi présentées.
> Frida Kahlo, au-delà des apparences, à voir au Palais Galliera jusqu’au 5 mars 2023.
Farah Atassi au Musée Picasso
Il y a dans les toiles de Farah Atassi un lien tangible avec les productions artistiques de la période cubiste, par l’utilisation de personnages évoquant les célèbres baigneuses de Picasso, l’emploi de formes géométriques et d’une palette de couleurs dites sourdes. Exposées jusqu’au 29 janvier 2023 au deuxième étage de l’hôtel Salé qui abrite le musée Picasso, les toiles de cette artiste franco-belge d’origine syrienne dialoguent avec l’œuvre du peintre espagnol.
En s’inspirant des grands genres de la peinture classique comme le nu féminin, la nature morte ou encore le portrait, Farah Atassi crée des œuvres dans lesquelles les motifs abstraits se répètent et s’associent à d’autres formes stylisées, tout en délivrant un message qui permet une lecture contemporaine de l’histoire de la peinture.
En effet, la majorité des toiles produites pour cette exposition interroge la relation du peintre avec son modèle. Farah Atassi souhaitait apporter un regard distancié sur ce rapport, en représentant des danseuses qui sont elles-mêmes artistes. Ces œuvres donnent aussi à voir son goût pour la danse, la musique et l’univers des arts vivants.
> Farah Atassi au Musée Picasso, à voir au Musée Picasso jusqu’au 29 janvier 2023