Minimalisme à Copenhague : Rebekka Bay invente la maison-bien-être

À Copenhague, Rebekka Bay, directrice artistique de Marimekko, et Ricky Nordson, chineur éclairé, réinventent l’art d’habiter. Niché sous les toits d’un immeuble du XVIIIe siècle, leur appartement grenier revisité mêle esthétique japonaise, bois chaleureux et rigueur scandinave. Une maison pensée comme une pause silencieuse dans un monde en constante ébullition.

« Changer de vie, et vite ! » Telle est la devise de Rebekka Bay, directrice de la création de la maison de textiles finlandaise Marimekko, et de sa moitié Ricky Nordson, publicitaire reconverti dans la vente de mobilier vintage, lorsqu’ils décident de retourner vivre à Copenhague, après plusieurs années passées aux États-Unis. Et si leur loft new-yorkais leur convenait parfaitement – « Nous ne pouvions même pas nous entendre d’une pièce à l’autre, tellement les volumes étaient grands », se souvient Rebekka avec nostalgie –, l’entreprise s’annonce difficile; aussi, leur premier essai dans la capitale danoise se solde par une déconvenue…


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Géométrie minimaliste

À la recherche d’un bien complètement différent, le couple finit par trouver dans la rue Grønnegade – située dans le plus vieux et très animé quartier de la ville –, un appartement aménagé dans un ancien grenier de séchage. En haut d’un bâtiment du XVIIIe siècle, donnant sur une cour silencieuse, l’endroit est baigné de lumière. Poutres apparentes, escaliers en bois, hauteurs de plafond aléatoires, l’habitation se languit néanmoins d’une rénovation complète.

Pour les accompagner, Rebekka Bay et Ricky Nordson font appel à leurs amis de Bunn Studio, Louise Sigvardt et Marcus Hannibal, architectes d’intérieur et designers. « Nous avons eu de longues conversations sur l’esthétique, nos envies, notre ressenti des lieux et les matériaux que nous souhaitions utiliser », poursuit la propriétaire. Une chose leur importe : celle d’avoir un nouvel intérieur qui leur ressemble.

« Nous avons pensé à un mélange d’Alvar Aalto, maître du modernisme scandinave, et de l’Américain Donald Judd, artiste dont nous avons visité plusieurs fois la maison, à New York. Un lieu presque totalement nu, ce qui nous a beaucoup inspirés », explique Rebekka. Laquelle, exprime des souhaits précis : « Même si l’architecture intérieure reste la même, dans cinq ou dix ans, l’appartement évoluera. Nous avons choisi de travailler avec le pin de l’Oregon, pour son aspect chaleureux. »

Héritage artisanal

Bunn Studio utilise également un frêne huilé tirant sur le jaune pour créer un joli contraste. Malgré des espaces intimes, le couple aime recevoir. L’îlot de cuisine est ainsi délibérément conçu pour être très large et servir de comptoir autour duquel il est possible de se tenir debout. « Sa structure est en acier inoxydable poli, presque comme un monolithe reflétant l’environnement, ce qui crée une belle ambiance, en particulier la nuit. Combiné avec du bois, cela offre à l’ensemble chaleur et texture. La demeure est une combinaison d’influences composées de multiples couches d’intentions », ajoute Marcus Hannibal.

L’escalier de la mezzanine mène à la chambre du fils, dont les fenêtres donnent sur le grand espace de vie. La structure générale en bois inclut également des étagères géométriques au design minimal et à l’assemblage très raffiné, dans le droit fil d’anciennes techniques danoises de menuiserie. « Il n’est pas facile de trouver des artisans talentueux qui acceptent de faire ce genre de travail. D’autant plus qu’il a fallu adapter l’escalier aux murs inclinés! », avertit Bunn Studio.

Mais ce sont précisément les imperfections de ce vieux bâtiment qui en font tout le caractère. Pour équilibrer les proportions et les hauteurs, le couple sélectionne des meubles bas, à l’instar du canapé culte Togo du designer Michel Ducaroy (Ligne Roset). Ricky Nordson, collectionneur avisé, ajoute : « Nous vivons au cœur d’un environnement très sélectif. L’achat d’une chaise peut nous prendre deux ans pour décider si c’est la bonne, car nous voulons être sûrs de bien faire les choses. »

L’influence japonaise est palpable : de la philosophie minimaliste à leur choix de mobilier bas, en passant par les pièces de grès que Rebekka Bay affectionne – et qui sont utilisées quotidiennement. Ses fréquents séjours au Japon pour son travail ont laissé des traces. « Elle a toujours été minimaliste », analyse Ricky. Et d’ajouter : « Lorsque nous rentrons à la maison, après de longues journées bien remplies ou des voyages d’affaires, tout ce que nous voulons, c’est trouver le calme… »


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