Si la formation des ressources fossiles, nécessaires à la création de plastique, a exigé plus de deux cents millions d’années, la production de cette matière synthétique n’est devenue un véritable problème qu’au bout d’un siècle. Retour sur son histoire à travers l’exposition Plastic, Remaking Our World à voir.
Du matière militaire à l’hédonisme de l’après-guerre
Après la corne, la carapace de tortue, le latex, le celluloïd, la bakélite, premier plastique 100% synthétique fait son apparition en 1907. N’étant pas conductrice, elle joue un rôle central dans l’électrification de la vie quotidienne et devient un vrai centre d’intérêt pour les industriels dans les années 1920, puis pour les designers comme Gio Ponti. Avec l’avènement du design industriel, les créatifs sont prêts à découvrir de nouveaux territoires de création via ce matériau inédit.
La Seconde Guerre mondiale pousse la recherche autour du plastique en donnant naissance au nylon ou au plexiglas. Des innovations qui nourrissent plus tard le monde des loisirs de l’après 1945, à travers des jouets, des vinyles ou encore le célèbre Tupperware.
La fascination pour les voyages dans l’espace lance un tout nouveau langage esthétique et cette matière y a toute sa place. Parmi ces icônes des années 1960, la «Ball Chair» d’Eero Aarnio, mais aussi la «Moon lamp» de Gino Sarfatti. C’est à cette même époque qu’on assiste à l’avènement du jetable, de l’emploi unique. Un drame que ne stoppera pas pour autant le choc pétrolier.
Il faudra attendre les années 1990 pour que des designers comme l’Italien Enzo Mari se décident à travailler le plastique recyclé. Au vu des dégâts causés par le plastique sur les terres, les océans et le corps humain, ce geste peut paraître anecdotique.
Des matières fossiles aux micro-organismes
Et si la solution était d’intervenir bien plus haut dans la chaîne, en réduisant considérablement les packaging et les usages uniques ? La designer Ineke Hans offre un début de réponse en proposant de réparer sa «Rex Chair» en cas de dommage.
Les nouvelles matières qui ne sont pas issues des ressources fossiles, combinées à la technologie de l’impression 3D, semblent aussi apporter leur lot d’espoir. A l’occasion de l’exposition Plastic, Remaking Our World, le célèbre «Garden Egg»de Peter Ghyczy a été reproduit par le duo de designers nééerlandais Klarenbeek par le biais de l’impression et en utilisant un bioplastique fait d’algues. Autre solution présentée par la start-up britannique Shellworks, faire travailler des micro-organismes en mesure de concevoir du bioplastique.
> «Plastic, Remaking Our World» du 26 mars au 4 septembre 2022 au Vitra Design Museum à Weil am Rhein en Allemagne, plus d’infos ici.