À Paris, un minuscule resto de pâtes bouscule les codes du design culinaire. Avec son mix orange-vert, Volta, au décor signé Zyva Studio, fait de son plat signature un manifeste chromatique. Et si le futur du restaurant passait par la couleur, les damiers et la tôle à larmes ?
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Une sauce comme point de départ
Il faut 45 mètres carrés pour faire basculer une rue tranquille du 9e arrondissement dans une spirale d’ondes colorées. C’est ce qu’Anthony Authié, fondateur de Zyva Studio, a prouvé grâce à Volta, restaurant microscopique au design sous acide. Ici, on construit une narration — culinaire, graphique, spatiale — en partant d’un plat signature orange et vert, comme un teaser de blockbuster comestible.
Le projet est né d’un brief simple mais gonflé : “faire de la pâte une héroïne visible, de la rue à l’assiette”. Tout commence par un choc gustatif. Un plat de pâtes à la sauce vodka d’un orange incandescent, couronné de parmesan… vert. Oui, vert. Cette association étrange, née dans la tête du chef Garry, devient pour Anthony Authié le fil rouge (ou plutôt, fluo) du projet. “On voulait que le lieu soit aussi saturé et vif que cette sauce”, explique l’architecte. Pari tenu.
Le restaurant est pensé comme une recette : base neutre, notes acides, explosion finale. Du gris béton au sol, du bois pour réchauffer, des carreaux ciment (Mosaic Factory) ultra colorés pour dynamiter le tout. Chaque matériau devient texture, chaque couleur une saveur. Le design, ici, se cuisine.
Trilogie architecturale : de l’accueil au bol de pâtes
L’espace s’articule donc en trois volumes distincts : d’abord un sas gris et métallique à l’entrée, presque clinique, pose les bases du décor. Puis un volume central en bois, doux et enveloppant, pensé pour s’attabler, échanger, respirer. Enfin, la cuisine, explosive, saturée de damiers et au plafond orange fluo.
Contre toute attente, le mobilier ne joue pas les divas. Les assises, bien que dans l’air du temps, restent sobres. Tabourets berlinois de Out, chaises suédoises signées Avec Joy, tables danoises de chez Hay : un casting pointu mais discret, qui laisse l’espace prendre le devant de la scène. Seule exception : la chaise verte Alien, conçue par Anthony Authié, qui fait un clin d’œil à ses précédentes expérimentations entre jeux-vidéo et science-fiction.
La signalétique métallique a été confiée à Atelier Variable, pendant que le graphiste Killian Loddo assurait l’identité visuelle. Une équipe resserrée, pour un projet cuit al dente.
Si Volta ne cherche pas à plaire à tout le monde, le restaurant s’adresse à ceux qui aiment qu’un lieu ait du nerf. Zyva Studio, déjà connu pour ses projets vitaminés bourrés de références pop, signe ici un manifeste pour un design narratif, sensoriel et assumé.
> Restaurant Volta, 36 rue le peletier, Paris 9e. Site internet ici.
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