Qu’est-ce qui fait qu’un petit bureau dessiné en 1958 est, cinquante-huit ans plus tard, toujours d’actualité ? Les goûts ont changé, mais le Home Desk est resté. L’autre bureau star de Nelson, l’Action Office 1, séduit peut-être davantage « ceux qui connaissent le design ». Le Home Desk, lui, plaît même aux profanes. Pour durer, il ne lui a pas suffi d’être « élégant et décoratif », comme le proclame son éditeur Vitra (même si ça aide…). Conçu pour la maison, il a été dessiné sans fioritures et il ne suggère aucune efficacité de type corporate. S’il a l’air si familier, c’est parce qu’il emprunte ses formes au typique secrétaire pour dames.
Natif de Hartford (Connecticut), Nelson s’est frotté tout jeune au goût européen et à l’histoire de l’art, notamment moderne. À 24 ans, étudiant en architecture à Yale, il décroche une bourse et part vivre deux ans à l’Académie américaine de Rome. Deux décennies plus tard, il a déjà créé pour l’éditeur Herman Miller ses produits phares : la Ball Clock (1947), les Bubble Lamps (1952), la Coconut Chair (1956) ou le Marshmallow Sofa (1956). Si D.J. DePree, président d’Herman Miller, a engagé Nelson comme responsable du design, c’est parce qu’il a repéré ses articles parus dans la revue Architectural Forum. En 1944, Nelson a déjà écrit un succès de librairie intitulé La Maison de demain. De fait, en 1958, quand George Nelson dessine le Home Desk, il a vraiment un train d’avance, et depuis longtemps. La spécificité de ce modèle est d’avoir ce look familier de ladies desk (son premier nom) mais paré de couleurs vives. Elles contrastent avec l’unité de son cadre en placage de noyer posé sur un fin piètement de tube métallique et font muer l’ex-secrétaire pour dames en icône du design.
Le Home Desk de George Nelson est disponible sur le Good Concept-Store.