A Paris, un appartement esprit Art nouveau par Louis Denavaut

Quand il ne s'agit pas de casser les murs pour réinventer un intérieur, le sur-mesure est une bonne idée. Pour cet appartement parisien, l'architecte d'intérieur Louis Denavaut a usé de son savoir-faire de designer et de son bon goût pour créer un univers inspiré des préceptes de l'Art nouveau.

IDEAT vous invite à la découverte d’un appartement situé dans un immeuble Art nouveau, revu par Louis Denavaut. D’une époque à l’autre, il n’est pas rare qu’un intérieur fasse le grand écart entre deux propriétaires. Celui-ci, situé dans le 14e arrondissement parisien, présentait autrefois un style Slavik époque Drugstore, ponctué de matières nobles et teinté d’un certain surréalisme.

Dans sa nouvelle mouture pensée par l’architecte d’intérieur parisien, les extravagances du patron de discothèque qui y vivait ont été effacées au profit d’une mise en scène épurée, avec toujours un certain attrait pour l’élégance du geste et de la matière.

La rondeur héritée de la décoration précédente trouve une seconde jeunesse grâce à Louis Denavaut.
La rondeur héritée de la décoration précédente trouve une seconde jeunesse grâce à Louis Denavaut. Christophe Coenon

L’héritage de Slavik

L’avantage de travailler sur un coquille précédemment modelée avec goût et originalité est qu’à force d’inventivité, son nouvel agenceur peut se reposer sur ses forces pour en combler les faiblesses. Cet appartement, sis dans un immeuble de style Art nouveau, avait les courbes comme fil rouge : un gimmick révisé par Louis Denavaut.

Ses murs et ses encadrements de portes avaient trouvé dans la rondeur un style faisant écho au décor du Drugstore des Champs-Elysées imaginé par Slavik. Un véritable temple lambrissé à l’esprit Belle Epoque, depuis remplacé par une version de verre et de métal signée par l’architecte italo-américain Michele Saee.

Les œuvres de Wiatscheslav Vassiliev, dit Slavik, particulièrement prolifiques en matière de restaurants — il en décorera plus de 400 à Paris — ont depuis pour la plupart disparu.

La banquette en cuir a été dessinée sur-mesure.
La banquette en cuir a été dessinée sur-mesure. Christophe Coenon

Le sur-mesure au service de cet appartement Art nouveau

Les 110 mètres carrés de cet appartement n’ont pas été réagencé. Louis Denavaut a travaillé autour de sa structure existante afin d’en réinventer son histoire.

Ainsi, il s’est appuyé sur son savoir-faire en édition de mobilier afin de faire concorder l’univers décoratif imaginé pour son client avec un mobilier conçu pour les espaces ronds. L’architecte a également conservé les vitraux originels décorant les fenêtres et a travaillé sa palette chromique autour des couleurs pastels représentées sur ces vitres.

L’ébéniste Mathieu Esclassan a travaillé le chêne afin de fondre le mobilier dans la réalisation de Louis Denavaut.
L’ébéniste Mathieu Esclassan a travaillé le chêne afin de fondre le mobilier dans la réalisation de Louis Denavaut. Christophe Coenon

Parce que dans l’esprit de l’Art nouveau le retour à l’artisanat est une donnée majeure, le bois tient une place importante dans la réalisation de ce foyer. Louis Denavaut a choisi un chêne teinté pour son mobilier sur-mesure, dans l’esprit des meubles des années 20 ou 70. L’ébéniste Mathieu Esclassan l’a modelé de façon à ce que ses pièces se fondent littéralement dans la réalisation mais aussi afin de cacher les objets disgracieux comme les radiateurs de l’appartement.

Tour du propriétaire

Dans le salon, le canapé s’intègre parfaitement à la courbe du mur existant. Par souci de symétrie, comme un écho, l’architecte a recréé en face de lui un arc en miroir.

Dans la pièce attenante se trouve la salle à manger. Sa table, elle aussi ronde, est composée d’un disque de marbre de Carrare blanc qui repose sur un plateau de chêne. Une pièce unique.

La salle à manger.
La salle à manger. Christophe Coenon

La cuisine, un élément fort de cet appartement à l’esprit Art nouveau, a été mise en valeur grâce à un marbre veiné. Celui-ci recouvre le sol et les murs, contrasté par des placards en chêne qui rendent la pièce plus contemporaine. A contrario, la salle de bains joue à fond la carte du marbre pour un effet cubique. Elle se positionne derrière la tête-de-lit de la chambre.

La salle de bains.
La salle de bains. Christophe Coenon

Enfin, pour orner les murs de l’appartement, Louis Denavaut a choisi des oeuvres des artistes peintres Chloé Vanderstraeten et Camille Chevrillon, ainsi que des tapisseries de chez Pinton.

Louis Denavaut, un architecte d’intérieur pluriel

Louis Denavaut s’épanouit dans le milieu de l’art contemporain avant de se diriger vers le design et l’architecture. Formé à l’école Camondo, il apprend à faire de son profil pluridisciplinaire sa force. Depuis, il imagine aussi bien des boutiques de luxe en Asie que des appartements confidentiels à Paris.

Ses différentes réalisations témoignent d’un juste dialogue entre technique et esthétique : Louis Denavaut aime guider ses clients vers des univers marqués et inattendus. Une audace sans doute motivée par son attachement à la radicalité de l’école belge incarnée par KGDVS ou DVVT ou à Alvaar Alto, l’une de ses références majeures.

louisdenavaut.com