Sous le titre « L’Île intérieure », la Villa Carmignac, au large d’Hyères, propose une nouvelle exposition qui vient s’emparer de ses magnifiques espaces.
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Mais de quelle île s’agit-il ? D’une terre entourée d’eau ou de l’individu retiré du monde ? Réponse et mise en abyme lors de cet événement. «Au commencement, il y a des paysages et des corps, des paysages dans des corps, puis un enchevêtrement de situations comme les rêves savent en produire. »
Tel est le point de départ de cette exposition à la Villa Carmignac intitulée « L’Île intérieure », imaginée par l’historien de l’art Jean-Marie Gallais. Si nombre d’artistes sont engagés, dénonçant la guerre et ses atrocités (du Tres de Mayo, de Goya, au Guernica, de Picasso), la société de consommation (Roy Lichtenstein), le réchauffement climatique (Ólafur Elíasson)… d’autres s’emploient à mettre à distance le réel.
Ce sont eux, ceux qui offrent « de vertigineuses plongées dans des mondes intérieurs et des replis », qu’a choisis de présenter le commissaire. Leurs points communs ? Créer des œuvres qui échappent au temps et esquissent « un archipel imaginaire, des îles de pensées, des îles inventées ».
Il y a notamment ce tableau iconique du Britannique Peter Doig (100 Years Ago) dans lequel un personnage fantomatique dérive dans un canoë, au milieu d’une rivière qui pourrait être le Styx, l’un des fleuves séparant le monde terrestre des Enfers.
Incarne-t-il le gardien de l’enfer ou est-il en route vers le royaume des morts ? Nul ne sait. « Si regarder une peinture peut nous faire voir la réalité autrement, alors c’est un événement incroyablement poétique », déclare Jean-Marie Gallais, citant l’artiste sud-coréen Lee Ufan.
Cette réflexion décrit parfaitement la tapisserie monumentale de la Nigériane Otobong Nkanga (Tied to the Other Side) dans laquelle des bras jonchent le sol d’où jaillissent des plantes exotiques. Ils composent un paysage scintillant de lumière bleutée et orangée, métaphore parfaite de la profondeur du temps, de la mémoire et des souvenirs : ceux liés à la violence causée par l’exploitation des ressources naturelles et humaines de son pays natal.
Également suspendues entre le passé, le présent et l’avenir, les toiles de la Franco-Libanaise Christine Safa révèlent des reliefs où corps et montagne se confondent dans un dégradé de couleurs et de formes à la limite de l’abstraction. C’est tout le propos de cette exposition, une déambulation mentale, une échappée sur une île fictive.
> « L’Île intérieure ». À la Villa Carmignac, piste de la Courtade, île de Porquerolles, 83400 Hyères, jusqu’au 5 novembre.