À l’origine, rien ne prédestinait USM à devenir cette icône du mobilier modulable. Lancé en 1885 par Ulrich Schärer à Münsingen, dans la banlieue de Berne (Suisse), USM (qui reprend ces trois initiales), était à l’origine un atelier de serrurerie et de métallurgie, avant de se spécialiser dans la ferrure de fenêtres, puis dans les charnières décoratives et les tôles d’acier. L’arrivée de Paul Schärer, en 1961, petit-fils du fondateur et troisième génération à prendre les rênes de la société, marque un tournant décisif dans l’histoire de la marque. Ingénieur formé à l’École polytechnique fédérale de Zurich, il compte bien faire entrer USM dans une nouvelle ère, celle de la course à la Lune et de la pop culture.
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Le système de mobilier modulable qui a révolutionné le bureau
Première étape : ériger un bâtiment à la hauteur de ses ambitions. Ainsi, il confie à Fritz Haller (1924-2012), architecte suisse qu’il admire, le soin d’imaginer un nouveau quartier général, suffisamment flexible pour pouvoir s’adapter aux futures évolutions de la marque. Celui-ci met à profit son concept baptisé « Mini/Midi/Maxi », qui permet, grâce à une ossature d’acier modulable, de modifier facilement la taille et la fonction des espaces.
En 1961, la manufacture quitte définitivement le bâtiment tout à fait traditionnel qu’elle occupe depuis cinquante ans à deux pas de la gare de Münsingen et pose ses valises à un kilomètre de là, dans ce pavillon de verre flambant neuf réunissant usine et siège social.
L’entreprise est à peine installée sur le nouveau site que Paul Schärer et Fritz Haller réfléchissent à son aménagement intérieur, qui se doit d’être aussi novateur et polyvalent que son extérieur. Les deux compères décident non pas de se fournir en meubles conventionnels, figés, mais de créer un nouveau système qui, grâce à l’assemblage d’éléments standards, pourrait se prêter à toutes les modifications de tailles.
Une sorte de Lego du mobilier design, en somme. Les premières expérimentations commencent en 1962, et le système USM Haller, symbolisé par son connecteur sphérique permettant d’agrandir un objet sans le démonter, est finalement breveté trois ans plus tard.
Mais Paul Schärer n’a jamais eu l’idée ni l’ambition de commercialiser cette invention. « On ne sait comment, mais la banque Rothschild a eu vent de la façon dont nous avions aménagé nos locaux. En 1969, elle a ainsi commandé 600 postes de travail pour son siège parisien », confie Laurent Crochet, directeur général France de la marque. L’aventure commerciale du mobilier USM Haller est lancée.
Ballet robotique à l’usine
En pénétrant dans ce polygone baigné de lumière, le visiteur est accueilli par des images d’archives du site : des espaces intemporels que seules certaines assises, mais surtout les cendriers éparpillés, permettent de dater. Devant trônent quelques modèles de buffets d’hier et d’aujourd’hui. À première vue, rien n’a changé au fil des années.
« Les fondamentaux esthétiques de nos produits sont toujours présents, confirme Laurent Crochet. Sur les quatorze coloris que nous proposons actuellement, neuf faisaient déjà partie du catalogue en 1965 et nous veillons à la rétrocompatibilité des éléments que nous incorporons progressivement, afin que nos clients de longue date ne se sentent pas lésés. Les améliorations que nous apportons sont d’ordre technique, elles ne se voient presque pas, mais permettent un plus grand confort d’utilisation, à l’instar de notre système de fermeture en douceur, le Soft Close. »
Portes plus légères, vis dissimulées dans l’armature, serrures électromécaniques connectées ou encore éclairage et jardinières incorporées… Dernière innovation en date, les Soft Panels. Ces panneaux textile à motifs surpiqués ou lisses se fixent à n’importe quel meuble USM Haller design contemporain grâce à un système d’aimants. Dans un appartement où l’on télétravaille, par exemple, ils permettent de dissimuler les dossiers le soir venu. Idem avec les télécommandes peu esthétiques de la télévision et des jeux vidéo, que l’on préfère cacher.
De l’autre côté du spectre, si le système USM Haller est depuis toujours plébiscité par les particuliers, il s’immisce désormais dans le monde du design haut de gamme. Le label de mode pointu Coperni a, après avoir imaginé des expositions en collaboration avec le fabricant suisse, aménagé pop-up et corners tout blancs façon cliniques ultra-léchées de l’habillement. Plus récemment, pendant la Design Week de Milan, USM Haller s’est associé au label de cosmétiques Humanrace, fondé par Pharrell Williams, pour imaginer une salle de bains dans son vert signature. Un vert qui fait partie des neuf coloris de panneaux disponibles depuis 1965. Vous avez dit moderne ?
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