Lorsqu’ils ont fondé leur agence, Filippo Francescangeli, Clio Zancanella et David Mélan n’ont pas hésité longtemps sur son nom. « Scala, “échelle”, en italien, indique Filippo Francescangeli. Architecture, architecture intérieure, design, nous réfléchissons aux projets sur toutes les échelles dès le début du chantier. » Une philosophie que ce jeune studio créé par trois anciens des Ateliers Jean Nouvel a appliquée à ce chantier dans une vieille bâtisse du midi de la France.
A lire aussi : À Bruxelles, une écoconstruction moderne en pleine nature
Des espaces ouverts
« Il y a généralement beaucoup de confusion dans les appartements d’époque. Un travail sur l’échelle et la reprise des proportions pour arriver à une certaine clarté est essentiel », continue le cofondateur de Scala. Le trio a ainsi décidé de tout mettre à nu et d’ouvrir l’espace, y compris les faux plafonds, afin de déterminer où recloisonner.
Cette approche a permis de faire apparaître les conduits, les briques, le parquet ainsi que les détails de murs cachés qu’ils ont souhaité conserver. De même pour une fenêtre découverte dans les combles. « Parfois nous prenons des décisions pendant les travaux, c’est pourquoi nous proposons un suivi de chantier systématique pour obtenir le résultat le plus propre possible. Nous redessinons constamment, jusqu’à la fin, en nous basant sur l’existant », révèle l’un des cofondateurs de Scala.
Alors que la plupart des professionnels esquivent cette étape, eux la sacraliseraient presque. Il est même arrivé à l’agence Scala d’inviter, sur certains ouvrages en cours, un photographe et des experts de l’éclairage afin qu’ils effectuent un projet artistique inédit. Une façon d’immortaliser cette phase éphémère qu’ils chérissent tant. Par exemple, en utilisant des néons et des projections pour symboliser les futures cloisons.
Une âme d’artiste
« L’une des idées principales derrière cette initiative est de transcender un sujet essentiellement rationnel, à savoir le chantier, en le transformant en une installation artistique qui fusionne harmonieusement avec l’environnement », détaillent les architectes. « Pour cet appartement situé dans une ville d’Occitanie, l’objectif était d’avoir moins de pièces, mais plus spacieuses. La première fois que nous y sommes entrés, nous avons tout de suite compris que nous étions dans un contexte romain, analyse Filippo Francescangeli. Nous avons mis en évidence les passages bas et plus sombres par lesquels on entre dans les grandes pièces pour obtenir un effet spectaculaire, comme c’était le cas dans les arènes ou les pluvium (espace découvert qui contenait un bassin destiné à recevoir les eaux de pluie, NDLR). »
En effet, avec 6 mètres de hauteur sous plafond, la dimension impressionnante des volumes est renforcée par les accès dont la hauteur tombe à 2,20 mètres. L’agence Scala a amplifié ce contraste pour faire du salon une pièce centrale théâtrale. « Nous avons eu carte blanche, avec pour seules contraintes la création d’un vaste espace de réception et l’utilisation de meubles et de pièces d’art que le propriétaire, passionné de design, possédait déjà », explique l’un des co-fondateurs de Scala.
Autre élément phare du projet, la création de couloirs pour apporter de la fluidité, quitte à ouvrir des murs porteurs, mais aussi la construction exnihilo d’une terrasse en s’appuyant sur l’étage inférieur, appartenant au même propriétaire. Concernant les finitions, le trio a opté pour des matériaux basiques, tels que le marbre et le bois.
Un chantier réalisé en collaboration avec Poliform, pour la cuisine et les dressings, Agape, pour la salle de bains, et Vola, pour la robinetterie. Des modèles qu’ils ont ensuite retravaillés et usinés sur place, comme la crédence sur mesure de la salle de bains.
Côté teintes, l’équipe a laissé s’exprimer la personnalité du mobilier, en privilégiant le blanc pour les murs. Le gris a été en revanche utilisé pour la cuisine, comme à l’époque romaine. En effet, la couleur était réservée aux autres pièces, considérées comme plus prestigieuses… Un rappel de l’histoire pour un projet profondément contemporain.
A lire aussi : En Australie, une fascinante maison passive de nouvelle génération