La Nouvelle-Orléans – alias Nola – a le jazz dans la peau. Elle a vu naître Louis Armstrong, Sidney Bechet et tant d’autres. Prospect, son excellente triennale d’art contemporain creuse d’ailleurs cette histoire-là.
Celle d’une ville de musique, d’une ville afro-américaine à 60 %, d’une ville pauvre aussi, où l’on entend tout à la fois les fantômes de l’esclavage, l’âpreté du Sud et la richesse des métissages – Nola se revendiquant comme la plus créole des cités US.
Alors, au Ogden Museum of Southern Art, l’un des pôles de la manifestation, on se laisse happer par l’installation vidéo de John Akomfrah, artiste anglais originaire du Ghana, qui ressuscite Buddy Bolden, génie schizophrène du cornet, sur fond de paysages humides de Louisiane.
Au Jazz Museum, autre place forte de Prospect sise dans une ex-fabrique de pièces d’or, on découvre des collages réalisés par Armstrong, prolongements sur papier de ses folles impros à la trompette, qui font admirablement écho, dans la salle d’à côté, aux toiles néo-impressionnistes de Michael Armitage, jeune Kényan très coté.
Les stars noires de la peinture ont aussi les honneurs du Museum of Art, jolie bâtisse entourée d’étangs, dont les cimaises sont magnifiées par les portraits de l’Américain Barkley L. Hendricks ou par les scènes de vie de la Nigériane Njideka Akunyili Crosby.