Inauguré officiellement en octobre 2016, Kindl est né sous l’impulsion du couple germano-suisse Burkhard Varnholt et Salome Grisard. Le lieu présente des expositions temporaires d’art contemporain de haut vol, nichées dans une brasserie. Abandonné, le bâtiment attendait des repreneurs.
Comme de nombreux autres… En 2007, la célèbre Sammlung Boros (ou collection Boros) s’installait dans un bunker en déshérence. Depuis, les visites guidées sur réservation affichent souvent complet. L’exposition en cours présente, par exemple, des œuvres d’Uwe Henneken, de Guan Xiao et de Katja Novitskova.
L’an dernier, The Feuerle Collection prenait place dans un autre ancien bunker. Peut-on rêver meilleure protection que des murs de deux mètres d’épaisseur ? Son esthète de propriétaire, Désiré Feuerle, entend brouiller les frontières de l’art, en faisant converser avec subtilité des sculptures khmères anciennes, des meubles de la Chine impériale et des photographies de Nobuyoshi Araki, par exemple.
L’architecte John Pawson a conservé la structure initiale du bâtiment en béton. Sa discrète intervention sublime les lignes minimalistes, offrant des ambiances singulières. Dans la pénombre, la grande salle du sous-sol évoque la Citerne Basilique d’Istanbul, les couleurs en moins. Pawson déroute le visiteur par une mise en abîme, loin des repères habituels. La scénographie aussi est d’une grande maîtrise. Trop sans doute. Cette surenchère artistique tient un peu trop de la performance. Rien à voir avec Urban Nation, un musée privé dédié au street-art qui vient d’ouvrir. Ni probablement avec la KunstHalle by Deutsche Bank qui inaugurera cet été une nouvelle plateforme pour l’art, la culture et les sports, dans le Prinzessinnenpalais, sur la célèbre artère Unter den Linden de Mitte.
Près de trente ans après la chute du Mur, Berlin s’impose de plus en plus comme une capitale culturelle dans des habits presque neufs. Elle rénove ses bâtiments anciens, élève de nouveaux édifices et humanise les anciens no man’s lands séparant hier l’Est de l’Ouest. Au point, parfois, de faire perdre le nord au visiteur qui ne serait pas venu depuis dix ans. Dans Mitte (ex-Berlin-Est), les tristes façades grises ou noir de charbon ont fait place à des boutiques, magasins de chaînes, bars et restaurants pimpants…
HISTORIQUE EXPRESS
L’histoire de Berlin est mouvementée. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville est partagée entre quatre secteurs administrés par un contrôle quadripartite : l’URSS, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, mais, malgré des négociations, les priorités concernant le gouvernement de l’Allemagne diffèrent, sans parvenir à s’accorder. Le 24 juin 1948, l’Union soviétique bloque toutes les voies routières et navigables vers Berlin-Ouest dans le but de forcer les Alliés à quitter la ville. Les autorités américaines ripostent en installant un pont aérien pour ravitailler la cité grâce à l’aéroport Tempelhof. Le blocus dure jusqu’au 12 mai 1949. Le 23 mai 1949, la République fédérale d’Allemagne (RFA) est créée et Bonn en devient la capitale. Dans la foulée, la République démocratique allemande (RDA) est fondée dans la zone sous occupation soviétique. Berlin est
de plus en plus divisée. L’émigration croissante de Berlin-Est vers l’Ouest pousse les autorités soviétiques à construire le mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961. Il tombera dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989.
MUR DE BERLIN
Que reste-t-il du mur de Berlin ? L’East Side Gallery est la plus longue section encore debout, totalisant 1 316 mètres de béton décoré (par 118 artistes de plus de 21 pays, en 1990). Une véritable galerie d’art à ciel ouvert qui a désormais un statut protégé. L’œuvre la plus célèbre reste le Baiser fraternel, entre Leonid Brejnev et Erich Honecker, signé par Dmitri Vrubel.
Eastsidegallery-berlin.de