The Madrid Edition : un hôtel monumental signé Ian Schrager

Il a inventé le boutique-hôtel et ne cesse, depuis, d'en faire évoluer la définition. Ian Schrager vient d'inaugurer The Madrid Edition, nouvel opus de sa célèbre collection EDITION, au cœur de la capitale espagnole. Un hôtel qui tient cette fois plus du navire amiral que de la résidence discrète.

Le casting est impressionnant et… (d)étonnant ! S’il semble logique de voir Ian Schrager porter le dernier-né de sa collection, l’entrepreneur, hôtelier et promoteur immobilier américain a réuni autour de lui, pour The Madrid Edition, une dream team hétérogène qui a su œuvrer pour le bien commun, accouchant d’un ensemble cohérent, à tous les niveaux.

Une solide équipe derrière Ian Schrager

Lorsqu’il est interrogé sur ses intentions quant à ce nouvel hôtel, alors que treize nouveaux opus signés EDITION sont au planning pour l’année à venir, Ian Schrager explique : « Nous avons choisi Madrid car c’est une ville vibrante, une capitale culturelle. Quant à l’hôtel, nous l’avons pensé dans le seul espoir qu’il émeuve ses visiteurs. La question que nous nous sommes posée en permanence était :  » que fait-il ressentir ? » plutôt que « est-il beau ? » ». Rappelons que ce magna de l’hospitalité âgé de 75 ans a introduit le concept de boutique-hôtel avec sa collection Kimpton, dans les années 80. Depuis, il a perpétué son obsession pour le luxe cool et abordable sur deux créneaux différents : celui des Public hotels, une collection qu’il détient en propre et, donc, celui des EDITION hotels, en partenariat avec Marriott. 

Le cofondateur du Studio 54 a toujours su s’entourer. On compte au générique quatre hommes aussi accomplis que différents : John Pawson, architecte d’intérieur britannique dont le style minimaliste a fait la renommée ; l’architecte et designer écolo François Champsaur, en charge du mobilier ; et deux chefs de renom, Enrique Olvera, dont le restaurant Pujol, à Mexico, fait partie du top 10 des World’s 50 Best Restaurants, et Diego Muñoz dont la table Astrid Y Gaston au Pérou a été couronnée meilleure table d’Amérique Latine au même classement.

L’habit en bois massif de cette alcôve du restaurant Jerónimo reprend le dessin de la façade de l’ancienne banque. Au plafond : les deux suspensions magistrales signées Emmanuel Level Stenne.
L’habit en bois massif de cette alcôve du restaurant Jerónimo reprend le dessin de la façade de l’ancienne banque. Au plafond : les deux suspensions magistrales signées Emmanuel Level Stenne. Fanny Liaux Gasquerel

La participation de François Champsaur au projet étonne. « J’ai envoyé mon book à Ian Schrager sur recommandation et, au bout de plusieurs mois, il m’a rappelé. Il me voulait sur le projet » nous confie le Français. Engagé pour travailler main dans la main avec l’architecte d’intérieur, John Pawson, il avoue avoir beaucoup appris aux côtés du maître du minimalisme à l’anglaise, notamment à se concentrer uniquement sur le design produit. « Malgré l’ampleur du projet et les complications que peut amener la présence d’un grand groupe à sa tête, nous avons été totalement libre de proposer notre vision des choses. En partie grâce à Ian Schrager qui comprend l’importance du design au détriment de son coût » ajoute-t-il. Ainsi, deux sublimes suspensions en marbre massif viennent, par exemple, coiffer la salle du restaurant Jerónimo — une folie géniale qui n’aurait pas été possible sans l’appui du grand patron.

Quant aux deux chefs, l’un Mexicain, l’autre Péruvien, qu’ont-ils à faire dans les cuisines d’un hôtel qui se veut au plus près de son public local ? « Nous cherchions à embrasser toutes les facettes de la culture hispanique au sein de The Madrid Edition. La capitale étant déjà bien fournie en tables espagnoles de haute volée, rendre hommage à ces deux pays et en partager les spécialités nous a paru évident ». Respectivement situés au rez-de-chaussée et sur le rooftop, au cinquième étage, Jerónimo et Oroya invitent donc les visiteurs à s’immerger dans deux cultures cousines. 

The Madrid Edition : un vaisseau minéral

En raison de ses larges (très larges) volumes hérités d’une ancienne banque, The Madrid Edition n’est pas un boutique hôtel. Il s’agit plutôt d’un véritable hôtel de luxe où chacun trouve sa place. Si sa plus petite chambre est une suite combinant lit king-size, espace lounge et salle de bain/douche, ses apparats épurés — dans la lignée du fameux style de John Pawson —, et son mobilier contemporain — soit dessiné, soit choisi par François Champsaur — n’en font pas un objet ostentatoire.

La tête de lit de chaque chambre de The Madrid Edition reprend la forme de la porte d’entrée de l’hôtel, imaginée en 1735 par Don Pedro De Ribera.
La tête de lit de chaque chambre de The Madrid Edition reprend la forme de la porte d’entrée de l’hôtel, imaginée en 1735 par Don Pedro De Ribera. Nikolas Koenig

Le lobby, auquel on accède par un majestueux escalier en colimaçon suit la même règle. Impressionnant par ses volumes, il reste néanmoins un espace convivial grâce aux nuances de blancs qui l’habillent, rehaussées de teintes or au niveau de son bar central ou d’objets d’art. Le bois clair, comme pour faire pénétrer l’organique dans le minéral, est omniprésent et des sofas et fauteuils signés Jean-Michel Frank, tabourets en bronze recyclés de Maison Intègre et chaises par Christian Astuguevieille ponctuent le lieux.

Au total, ce sont donc 177 chambres, 21 suites and 2 penthouses impressionnants — des duplex dotés de piscine privée —, que propose The Madrid Edition en plein centre de la capitale espagnole.

Deux restaurants, deux oasis joyeux

A rebours du dépouillement des espaces d’hospitalité, les deux restaurants de The Madrid Edition affirment leur personnalité. De quoi attirer les clients de l’hôtel, souvent étrangers, mais aussi aux Madrilènes. Ainsi, Jerónimo, au rez-de-chaussée, d’inspiration mexicaine tenu par le chef Enrique Olvera, est une ode à Luis Barragán. De sa Cuadra San Cristóbal, on retrouve les bleu, orange et rose emblématiques, en aplats géométriques ou sur les œuvres qui ornent les murs. Le mobilier est lui aussi teinté de couleur, jaune majoritairement, et façonné dans un bois plus sombre que partout ailleurs dans l’hôtel.

Oroya, le restaurant péruvien de l’hôtel de Ian Schrager.
Oroya, le restaurant péruvien de l’hôtel de Ian Schrager. Fanny Liaux Gasquerel

Au cinquième étage, Oroya prend le relais. Coloré et végétalisé, comme son voisin du rez-de-chaussée, il invite cette fois le visiteur dans l’univers du Péruvien Diego Muñoz, également à la tête du restaurant de la collection à Bodrum, en Turquie. Pour The Madrid Edition, il a imaginé une carte qui fait la part belle aux traditions péruviennes tout en les twistant d’idées exotiques. Côté déco, la jungle court le long du plafond cathédrale pavé de carreaux colorés. Comme un point d’orgue, une très longue table en bois est déployée dans le restaurant tandis que de plus petites configurations style jardin d’hiver offrent aux couples et petits groupes un peu d’intimité. Dès les beaux jours, la terrasse qui borde Oroya sera ouverte au public, ainsi que sa piscine à débordement qui offre un spectacle magique sur les toits de Madrid.

Une piscine coiffe The Madrid Edition.
Une piscine coiffe The Madrid Edition. Fanny Liaux Gasquerel

Un spa, un espace forme, un speakeasy et un club complètent l’offre de The Madrid Edition, afin de proposer au visiteur une expérience totale.

> The Madrid Edition. Plaza de Celenque, 2. 28013 Madrid. Réservations