Chaque hiver, le monde de l’art contemporain se presse à Miami pour l’édition américaine de la foire Art Basel. Palmiers, sable fin et cocktails rythment une semaine d’expositions dédiées à la création contemporaine. Si la partie art a été annulée, ce n’est pas le cas de sa « petite soeur », la foire « Design Miami », qui se tient chaque année dans le Design District à la même période.
Traditionnellement dédiée au design international, historique comme contemporain, elle s’est recentrée cette année sur la création américaine dans un contexte de crise sanitaire mondiale qui limite les déplacements. Une occasion unique de découvrir – en ligne aussi puisque le site très exhaustif est entièrement mis à jour – cette scène injustement snobée par les passionnés.
Un Design Miami plus politique
On retrouve le design états-unien dans l’exposition thématique « Podium ». Pour cette première édition, l’équipe de Design Miami a opportunément choisi le thème « America(s) », qui montre un design politique en exposant par exemple la théière To Disarm / Angela Davis de Roberto Lugo, dédiée à l’activiste de la cause noire, mais aussi des pièces historiques ambassadrices de l’american way of life d’après-guerre avec la Five leaf chair de George Nelson (1964) ou des pièces du designer-ébéniste George Nakashima. L’accrochage remonte encore plus loin dans l’histoire des arts and crafts en présentant des pièces d’artisanat indien du XIXe siècle. De cette exposition, se dégage une forme d’hommage à une culture, dont les objets et meubles dévoilent une facette cruelle et- raciste, et une autre basée sur un art de vivre hédoniste qui a fait fantasmer et continue d’inspirer le monde entier.
Adam Silverman propose de réconcilier ces deux visions avec son projet « Common ground ». Le céramiste a rassemblé, avec l’aide de volontaires, de l’argile, des cendres et de l’eau de chacun des 56 États et territoires américains. Les matériaux sont mélangés pour former une argile avec laquelle l’artiste, basé à Los Angeles, fabrique des récipients et de la vaisselle qui seront distribués dans chacune de ces régions. Et pour matérialiser cette volonté de réconciliation d’un pays plus divisé que jamais, la vaisselle sera aussi utilisée pour une série de dîners au cours desquels se rencontreront des personnes d’horizons et de convictions différentes.
Une veine psychédélique
Au-delà de cette exposition, on observe naturellement une forte majorité de galeries et designers américains dans le Moore Building. Implanté au cœur du Design District, cet immeuble accueille la foire cette année dans les étages répartis autour de la scintillation arachnéenne Elastika de Zaha Hadid. Au programme : beaucoup de céramiques, historiques ou contemporaines, notamment des cloches de Paolo Soleri, l’artiste derrière la ville utopique d’Arcosanti, présentées par la galerie Converso de Chicago.
Dans la même veine psychédélique, la galerie new-yorkaise Ornementum montre une collection de pipes à marijuana réalisés par ses artistes. Beaucoup plus sage, l’œuvre murale décorative « Ritual Calendar » du Californien Ini Archibong, chez Friedman Benda, prouve la maturité de cette scène à découvrir en ligne, loin des palmiers et du sable fin de Floride.
> Retrouvez toutes les œuvres présentées à Design Miami sur le site officiel.