Créer un énième banc en bois ou en métal n’intéresse pas nos concepteurs. C’est plutôt dans l’exploration de nouveaux matériaux que se trouve leur adrénaline. Et s’il en est un qui concentre toute leur attention, c’est bien la céramique. Pas la matière fragile, mais sa version technique, robuste, employée pour les prothèses dentaires ou les boucliers thermiques de fusées spatiales, et donc parfaitement adaptée à un usage urbain. Ils sont les premiers à avoir osé l’utiliser : « La céramique nous intéresse car c’est un matériau proche de l’univers domestique. » Créée en 2012, leur élégante gamme « Onda », à la blancheur immaculée, fascine. On craindrait presque de s’asseoir sur le banc ou de s’adosser à la jardinière tant leur dessin délicat ne ressemble à aucun autre.
« Notre but est d’apporter davantage de qualité à notre environnement, aux objets qui nous entourent, par l’utilisation de matériaux innovants et sophistiqués. La céramique dite technique offre une grande liberté de travail tant sur l’aspect formel que sur les traitements de surface », expliquent-ils. Autre illustration, le Sémaphore urbain. Éclairer, se connecter, téléphoner, se chauffer, s’informer, s’asseoir… ce mobilier multifonctionnel répond aux attentes contemporaines sans sacrifier à l’esthétique grâce à une technique presque invisible. Il a été développé à la faveur de la bourse de recherche « Dialogues » attribuée par la Fondation Bettencourt Schueller. Pour le réaliser, le studio a travaillé avec la coopérative ouvrière Ceralep, spécialiste de la céramique. Pour l’heure, le modèle économique de l’objet reste à trouver.
La question du financement est désormais sur toutes les lèvres. « L’économie est devenue le cœur de notre métier », explique le couple d’une seule voix. D’autant que l’heure est au mobilier intelligent et connecté – nouveau graal de l’espace urbain –, à la fois coûteux en investissement et en gestion. « Depuis quelques années, les appels d’offres demandent d’apporter le modèle économique de nos propositions. Ce n’était pas le cas avant. » Une conjoncture difficile qui entrave souvent l’innovation, leur cheval de bataille. Car l’approche par le matériau est pour eux une marque de fabrique.
Avant de s’intéresser à la céramique, ils furent parmi les premiers, dès 2005, à utiliser la tôle d’acier Corten découpée, pour Metalco. Leur collection « Corten Style » est d’ailleurs toujours un best-seller chez l’éditeur. Et ils continuent d’œuvrer main dans la main avec des artisans. « Nous sommes très demandeurs de leur savoir-faire qui vient enrichir notre travail. C’est le challenge qui nous motive, être dans la recherche et l’innovation, réinterroger le cahier des charges à chaque projet. Nous sommes peut-être un peu trop ambitieux, confessent-ils, mais la forme pour la forme ne nous intéresse pas ! » Ces deux-là font leur chemin…