Avant de concevoir du mobilier urbain, Caterina et Marc Aurel sont tous deux passés par une école d’architecture – elle, à Florence, lui, à Marseille – à une période où l’enseignement du design n’existait pas encore de façon spécifique. Elle a poursuivi par un master d’urbanisme tandis que lui avait auparavant étudié aux Beaux-Arts. « J’ai su dès le départ que c’était moins d’être architecte qui m’intéressait que la formation qui y menait », dit Marc, adepte du détail. « Quant à moi, j’ai tout de suite été attirée par la ville et la dimension urbaine », complète Caterina.
Deux façons d’appréhender l’espace public, mais aussi la recette gagnante de leur complémentarité. « Tous les petits objets qui ponctuent nos cités peuvent faire la différence quant à la réussite ou non d’un grand projet urbain », poursuit-elle. « Nous faisons des allers-retours permanents entre ces deux échelles, c’est ce qui fait notre particularité. Nous ne sommes pas des stylistes, nous concevons notre métier comme une approche très fine de ce qu’est la ville. La petite échelle est aussi importante que la vision urbaine », résume Marc.
Le couple s’est rencontré chez Jean-Michel Wilmotte avant de s’associer au sein de l’agence qui porte leur patronyme et leur spécialité : Aurel Design Urbain. Car, depuis une quinzaine d’années, ces deux-là se consacrent essentiellement au design urbain et à l’espace public. Au départ, ils exercent à Paris. Mais, entre celle qui n’aime rien tant que son Italie natale et celui qui a grandi à Marseille, l’appel du Sud se fait furieusement sentir. Direction Cassis, où ils vivent et travaillent… même s’ils s’apprêtent à ouvrir une nouvelle agence à Paris afin de limiter les nombreux allers-retours. « Pour être honnêtes, nous sommes aussi très attachés à la capitale ! » sourit le tandem qui exerce aujourd’hui un peu partout : La Grande-Motte, Menton, Lyon, Beyrouth, Luxembourg…
L’espace public est à un moment clé de son histoire. « Très technique, puisque liée aux contraintes de l’automobile, la ville est devenue plus agréable et plus aimable avec ses habitants », résume Marc. Pollution oblige, la place de la voiture y diminue. Conséquence, celle réservée aux piétons augmente. Quels usages imaginer ? Voilà l’équation contemporaine de nos espaces publics. « Le mobilier urbain est l’interface entre les citoyens et la ville, note Caterina. Il est encore issu d’une logique haussmannienne et aligné le long des boulevards. Cela n’a pas beaucoup évolué alors que les métropoles sont en pleine mutation. » « C’est un moment très excitant car tout reste à inventer ! » s’enthousiasme Marc.
L’exposition* qu’ils présentent actuellement au VIA synthétise ces préoccupations. « Dehors, la ville de demain » propose en effet des pistes de réflexion pour répondre aux attentes des usagers et rendre enfin la cité plus attrayante et accueillante. C’est guidés par cette double volonté qu’ils ont créé, avec JCDecaux, le nouvel Abribus parisien. Un totem, positionné latéralement, concentre l’information de manière à apporter transparence et fluidité à ce mobilier qui tournait auparavant le dos à la ville. N’est-ce pas vertigineux de concevoir un élément répliqué à 2 200 exemplaires dans la capitale ? « Il ne faut pas trop y penser ! » Un siècle après Hector Guimard, le studio travaille également sur l’identité des nouvelles bouches de métro.
* « Dehors, la ville de demain », à la Galerie VIA, 120, avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris, jusqu’au 29 août.