À l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, la Cité du Patrimoine et de l’architecture aura réussi le tour de force de ressortir de ses archives une collection impressionnante de documents et photographies d’époque, retraçant en trois volets la formidable histoire des stades, symboles d’une certaine vision de la société, qui outrepasse largement la promotion de saines valeurs sportives : démocratiser, performer, mondialiser. Tout un programme.
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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 : une période très spéciale
« En cette période très spéciale pour la ville de Paris, la cité se devait de se questionner sur cette architecture sportive. Tous les fonds liés à ce sujet si singulier on a été interrogés dans le cadre de cette énorme collecte », souligne Émilie Regnault, commissaire de l’exposition « Il était une fois les stades », jusqu’au 16 septembre 2024 à la Cité du Patrimoine et de l’architecture. Pharaoniques, hygiénistes et fédérateurs, ces arènes modernes semblent à tort dénués de toute dimension politique, tant ils font aujourd’hui partie du paysage.
Au-delà d’un travail d’archiviste chevronné, le plus grand défi aura consisté à trouver un angle suffisamment accrocheur pour attirer un public qui ne soit pas uniquement composé de marathoniens et supporters. « La principale question était : comment aborder la figure des stades sous la question du renouveau, sans tomber dans l’éloge de l’antique ? », poursuit la commissaire. Sous des allures de fausse dissertation tripartite, l’exposition transforme subtilement notre appréhension de ces imposants édifices parfois injustement considérés comme de vulgaires équipements publics.
Or, sur les 40 000 stades que compte aujourd’hui le territoire hexagonal, certains restent de véritables prouesses architecturales, témoignant des lubies de leur époque. Certes, leur dimension esthétique peut ne pas être évidente de prime abord, dans la mesure où la fonctionnalité l’emporte souvent sur l’esthétisme. Depuis l’entre-deux-guerres jusqu’à nos jours, les stades restent toutefois un formidable terrain d’expérimentation pour des architectes encore peu formés au sujet, dont la complexité n’a cessé de croître au fil des décennies, jusqu’à devenir un véritable millefeuilles de normes sécuritaires et environnementales. En somme, ni plus ni moins que de sublimes calvaires.
L’architecture des stades : la beauté du geste
Pourtant, il suffit de se pencher sur quelques photographies pour en saisir la puissance évocatrice et l’infinie modernité, avec des bâtiments-créatures aux allures de vaisseaux spatiaux, à l’image du stade Orange Vélodrome de Marseille et sa structure métallique au toit luminescent la nuit, aux allures de nuage le jour ; le classicisme épuré du stade de Gerland de Tony Garnier, à Lyon, ou encore les somptueux portiques de béton soutenant les tribunes du Parc des Princes.
Autant de lignes qui semblent épouser la singularité des courbes de l’athlète, la liesse débordante des gradins, conjuguant en un seul et même lieu ce mélange troublant d’individualité extrême, de hiérarchie cinglante et de maîtrise des masses. Dessins, maquettes, photographies anciennes, projection de Volta, film de Stephen Dean ici intitulé « La beauté du geste », on se prend soudain d’une passion inattendue pour ce mélange de ciment, de béton, de gazon, de polyester armé et de terre battue, de peaux tièdes, de larmes et de sueur, et l’on se surprend à attendre les Jeux Olympiques de Paris 2024 avec l’impatience d’un amant devant la porte d’une chambre qui tarde à s’entrouvrir.
> Exposition « Il était une fois les stades », jusqu’au 16 septembre 2024 à la Cité du Patrimoine et de l’architecture. Plus d’informations ici.
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