Au détour d’une exposition, Cécilia Mergui, fascinée par les courants d’art du début de siècle et notamment de l’Art déco, se trouve médusée face à l’affiche du célèbre bal du Moulin-Rouge par Toulouse-Lautrec. La goulue y danse joyeusement. Dans un coin, les coordonnées de l’imprimeur sont discrètement inscrites : un numéro pair de la rue Martel. C’est l’adresse à laquelle elle vit et d’où elle pilote sa marque, Bienaimé.
Cette rue parisienne est empreinte d’histoire. Ancien bastion de grandes maisons de cristal, on découvre au sol des rails qui servaient jadis à acheminer le verre précieux sans le casser. Depuis le cinquième étage où habite Cécilia Mergui, qui vient de relancer la marque Bienaimé, on se délecte d’une vue plongeante sur ces anciens entrepôts réhabilités en logements ou bureaux.
L’appartement de Cécilia Mergui : un refuge créatif
Acquis juste avant la pandémie, cet appartement fut réaménagé avant le premier confinement. Un réagencement opéré par le duo parisien Les Filles d’Intérieur mais dont Cécilia Mergui en était, pour la majeure partie, l’instigatrice. Passionnée de création, cette ancienne responsable des achats pour de jolies marques de mode parisiennes s’est donc illustrée pour la première fois sur le terrain de la décoration.
Naturellement, l’appartement fait écho à ses passions. Si de nombreuses pièces vintage de style Art déco (lampe Maison Jansen, tableau de Paul Colin…) donnent le ton de cet intérieur lumineux, il témoigne d’une affection non dissimulée pour une designer de talent : India Mahdavi. De ses tabourets crées pour Monoprix à ses coussins color bloc, en passant même par les carreaux de ciment qu’elle a signé pour les Italiens de Bisazza et les teintes utilisées sur les murs, la créatrice est une vraie inspiration.
Des couleurs savamment employées
Largement teinté de rose, l’espace n’est pas sans rappeler les codes de Bienaimé. Une marque dont elle est tombée amoureuse au détour d’une vente aux enchères. En acquérant un poudrier rose estampillé « Bienaimé », elle se met en quête de l’histoire de ce petit objet. De longues pérégrinations la mèneront à rencontrer le propriétaire contemporain de cette marque fondée en 1935… et à l’acheter ! En 2019, en parallèle de la signature de son appartement, Cécilia Mergui lève des fonds pour réveiller la belle endormie.
Ainsi, c’est un terracotta qui habille le coin diner et le couloir, bordé de noir. Clou du spectacle, du rose parsème la salle de bains. Une véritable ode à Bienaimé qui a été pensée selon les codes de l’Art déco. Le miroir a été chiné, la vasque choisie pour son côté désuet, une alcove ouvre sur le bain…
Pour apporter un contraste et une respiration, la chambre se pare, elle, d’une teinte céladon élégamment mise en perspective par un papier peint.
Bienaimé : une marque qui porte bien son nom
Créée en 1935, Bienaimé est avant-tout une marque de parfum. A l’origine de cette aventure : Robert Bienaimé, chimiste devenu nez. Rapidement, sa gamme s’ouvre à la cosmétique et au maquillage et fait un carton. Son signe distinctif ? Des packagings avant-gardistes pour l’époque, fabuleusement minutieux et ingénieux, de véritables œuvres d’art précieuses, résolument patinées du courant Art déco. C’est ce qui, des années plus tard, séduit Cécilia sur eBay.
A ce jour, la marque propose une gamme de trois parfums, de savons et d’accessoires. Faits en France – à l’exception des porcelaines et des savons solides qui dont élaborés dans une manufacture récemment sortie de la faillite par un jeune duo belge-, ceux-ci véhiculent l’univers créé par Robert Bienaimé en 1935.