Les réponses décalées sont un peu votre marque de fabrique…
Notre métier est vraiment marrant, non ? Nous travaillons notamment sur un projet de village des marques à Coutras, à côté de Saint-Émilion, dans le Sud-Ouest. Il y a un flux à capter puisque plus de 1 million de visiteurs viennent ici chaque année. On crée une icône de la région en empilant trois châteaux sur 36 mètres de hauteur au-dessus du centre commercial en cageots, une tour à selfie, comme la tour de Pise. Celle-ci surplombera une place pavée où les gens pourront se garer n’importe comment. Je leur ai démontré qu’entre ça et se garer sur un parking organisé il y a à peu près la même rentabilité au mètre carré. Donnons la liberté aux gens de se garer selon leur libido ! Au XVIIIe siècle, le château de la commune a été détruit. La ville garde la mémoire de cette perte. Il fallait donc ramener le château à Coutras. Et je pense que je vais le faire en pierre !
Où allez-vous pour vous échapper de Paris ?
À Batz-sur-Mer, mon village d’adoption. J’ai acheté la maison la plus laide de la plage, face à la mer, et je l’ai rénovée en gardant son volume originel et en la repeignant tout en blanc, toit compris. Je me suis dit : « Si ce n’est pas moi qui achète cette maison alors que je suis architecte, qui va s’en occuper ? » Juste à côté, je suis en train de réaliser une maison entièrement modulable pour la louer. Car, avoir des maisons dans des endroits aussi beaux uniquement pour soi, c’est vraiment lamentable. Et je me suis lancé dans le sel. Mon patelin est la capitale de cette denrée en pays de Guérande depuis le Moyen Âge. Je voulais faire quelque chose de joli pour mon village et c’est comme ça que la marque Grand Cru de Batz est née.
Comment s’improvise-t-on fabricant de sel ?
Par envie. Pourtant, je ne savais même pas ce qu’était la fleur de sel. C’est le contraire d’un produit générique. J’ai monté une boîte et, en moins de trois ans, je suis devenu le fournisseur officiel des plus grands chefs français mais aussi de nombreuses tables dans le monde. Un seul mot d’ordre : l’excellence.
Votre métier est-il enviable en 2017 ?
On peut accomplir des choses incroyables, et il y a encore tellement à faire. Tout change. La pensée moderne est obsolète. Après une période de flottement, on est en train de passer du monde moderne à l’ère écologique, à l’époque de développement durable où absolument tout est à repenser. C’est passionnant d’être un architecte en 2017.
C’est une position plutôt à contre-courant…
Tant s’en faut. Je n’ai plus d’outillage, je ne sais pas où je vais, mais j’y vais. Quand j’ai fait la façade du Fouquet’s Barrière, j’étais en zone hyperdangereuse. Pourtant les clients me suivent. Alors, bien sûr, il y a des gens avec qui je ne travaillerai jamais, ce n’est même pas la peine d’essayer ! Mais je n’ai pas envie de m’ennuyer et j’ai encore très envie de jouer.