Corrèze, été 2004. Olivier Masmonteil pose son chevalet en plein air, face à la forêt. Et plutôt que d’en reproduire fidèlement le panorama, il préfère en saisir l’atmosphère, révéler la lumière, la chaleur, l’odeur… À la manière de Gustave Courbet, qui aimait ajouter « d’Ornans » à son patronyme – signalant sa communion avec la nature de sa terre natale du Doubs –, le quinquagénaire, enfant du Limousin, entretient un rapport charnel au paysage.
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Si ce premier tableau en extérieur n’est pas une œuvre de jeunesse – il avait 31 ans –, c’est un jalon dans la carrière de ce diplômé des Beaux-Arts de Bordeaux. Il inaugure alors une série riche de mille toiles au même format (27 x 35 cm), sortes de « cartes postales » de souvenirs réels ou fictifs de son tour du monde.
Paysages et vanités
Deux décennies plus tard, c’est au bord de la mer, entre Cancale et Saint-Malo, que s’est s’installé le peintre voyageur, à la demande du galeriste Antoine Dupin. Il a quitté son atelier de la porte de Clignancourt, à Paris, pour affronter en solitaire les éléments de la « perle » de la Côte d’Émeraude, tentative autrefois opérée par Paul Gauguin, Claude Monet ou Henri Matisse. Comme ses illustres prédécesseurs, Olivier Masmonteil s’affranchit de la vraisemblance topographique pour entraîner le spectateur au-delà des apparences.
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Parmi ses compositions les plus connues figurent ses « Horizons », découpés en plusieurs plans, des superpositions de rayures horizontales (en aplats de couleurs) traversées par un cours d’eau ou surplombées d’un ciel nuageux. Cette série s’inspire à la fois de l’abstraction des Américains Mark Rothko ou Barnett Newman, chefs de file du mouvement de la color field painting (« peinture du champ coloré »), et de la figuration du Néerlandais Jacob Van Ruisdael (1628-1682) ou du Britannique William Turner (1775-1851).
Cette fusion des genres et des techniques témoignent de la maîtrise d’Olivier Masmonteil, qui transforme des instants fugaces en un panorama intemporel. Un paysage qui restera inchangé même après son passage, telle une représentation allégorique de la fragilité de la vie humaine.
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