On dirait qu’il a toujours été là. Pourtant, Mistinguett, le nouveau (et premier !) restaurant du Casino de Paris vient tout juste de lever le rideau. Pensé par une ambitieuse productrice de spectacles et exécuté par un talentueux duo d’architectes d’intérieur, l’adresse promet de faire swinguer vos soirées.
La prouesse est remarquable, autant que le résultat. Perché sous le toit du Casino de Paris, juste derrière cette verrière magistrale qu’on peut apercevoir en levant les yeux depuis la rue, en attendant son spectacle, un restaurant théâtral vient réveiller le quartier de la Nouvelle Athènes, à Paris. « Ce fut un travail de (très) longue haleine, confie Magali Faure, instigatrice du projet, une aventure un peu folle mais dont on est tellement fiers ! »
Ce défi, la productrice connue dans le métier sous le surnom « Malou », se l’est fixé par passion. Elle, qui baigne dans le spectacle depuis son enfance, en a fait son métier. Avec Varion Productions, elle fait germer sur scène des nouvelles graines d’humoristes (Maxime Gasteuil, Redouane Bougheraba, Jérôme Niel…) et les accompagne dans leur développement.
Connaissant bien le Casino de Paris, une salle dont son père tint un jour les rênes, elle perçoit le potentiel de cette salle utilisée comme remise au premier étage. Ce local est en fait un espace majestueux et biscornu, orné d’une demie-voûte et habillé d’un vitrail datant de l’époque de la construction de l’immeuble (fin XIXe).
En 2021, d’âpres négociations avec le groupe Lagardère, propriétaire du Nouveau Casino, aboutissent à une poignée de main : cet espace vacant deviendra un restaurant. La mission commence.
Mistinguett : un restaurant magistral
De longues démarches administratives auront été nécessaires pour obtenir l’accord de la mairie afin de transformer l’espace en lieu de vie : le Casino de Paris, vieux de plus de 100 ans, est un monument classé. S’en suivra une année de travaux titanesques, conduit par la jeune agence Atelier HA, afin de faire aboutir le volume vierge en restaurant monumental, à la hauteur de l’adresse qui l’accueille.
Car Hugo Vince et Adèle Nourry, fondateurs de l’Atelier HA, n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire de Mistinguett un lieu remarquable. « L’agencement des tables et du bar a été un casse-tête« , avoue Hugo Vince. Dans un premier temps, l’agence imagine laisser le champ devant le vitrail totalement libre, afin de lui donner le maximum de lumière. Finalement, ils choisissent d’en faire l’arrière-plan du bar, dont la forme arrondie fait écho à la voûte du vitrail.
Les tables suivent le mouvement et se retrouvent disposées en longs banquets sinueux. D’autres se font face-à-face, du côté de la salle de spectacle. Bien que l’espace soit grand, très grand, la présence de meubles hauts dans le style des portemanteaux, typiques des bistros des Années folles, donne du rythme au volume. Des alcôves, créées de toutes pièces, permettent à de plus larges tablées de partager leur repas avec l’impression d’être en loges privées.
Le spectacle dans l’âme
Mistinguett est volontiers théâtral — à l’image de la performeuse à qui le restaurant emprunte son nom. « Mistinguett, c’est un tempérament, un personnage, une audace. Elle a bousculé les codes, enchanté son époque, et fait du Casino de Paris, un lieu culte et historique. Le restaurant lui ressemble. Un lieu d’histoire, d’amour, de fête, de partage, et de bons esprits », explique Malou.
Logiquement, ce nouveau lieu vivra au rythme des spectacles. Sa cuisine ne fermera qu’aux douze coups de minuit, alors que les performeurs auront fait leur dernier salut. Car oui, déformation professionnelle oblige, Malou a aussi imaginé son restaurant pour ses artistes. Mistinguett sera également une scène pour les spectacles les plus surprenants, de pastilles humoristiques à de vrais shows virevoltants — Magali Faure nous a livré avoir fait installer un trapèze au plafond…
Ce plafond est par ailleurs remarquable à plusieurs titres. L’artiste plasticien Mathias Kiss signe un trompe-l’œil sous la forme d’un ciel onirique : « Une envie de dehors-dedans, dit-il, pour faire rêver et créer une ligne d’horizon et d’imaginaire qui manque tant à nos villes et notre quotidien. » A mieux y regarder, on devine des vagues sur la surface de ce plafond peint : elles sont le résultat d’un laborieux travail d’acoustique mené par un spécialiste de l’insonorisation de studios d’enregistrement. Enfin, cerise(s) sur le gâteau, deux lustres sculpturaux viennent ponctuer la décoration feutrée de Mistinguett, en provenance directe de Murano.
> Mistinguett. 16, rue de Clichy, 75009 Paris. Réservations.