En ce week-end de printemps, Bruxelles est momentanément embouteillée. Tunnels en travaux, mesures de sécurité accrues… Se déplacer fut chaotique pour tous ceux qui y séjournaient du 20 au 24 avril à l’occasion d’Art Brussels. La manifestation étrennait sa nouvelle implantation dans l’entrepôt royal de Tour & Taxis, plus proche du centre comparé à l’ancien site, au pied de l’Atomium. Le nombre d’exposants, resserré à 140, a permis à cette foire d’art contemporain d’honorer sa devise : « From Discovery to Rediscovery ».
La matinée VIP a débuté par la découverte des sculptures de Tony Matelli (des mauvaise herbes en bronze peint disposées à terre) dans un drôle de stand à dominante verte (« Green doesn’t sell ») monté par la galerie Sorry We’re Closed (Bruxelles).
Puis par les nouvelles productions d’Edith Dekyndt. L’art conceptuel et organique de la dernière grande artiste belge était omniprésent, des vastes espaces de sa galerie Greta Meert (« Strange Fruits ») à son exposition monographique inspirée par les ingrédients de bière au centre d’art contemporain WIELS (« Ombre indigène »). D’élégants moments de répits offerts aux visiteurs dans un week-end surchargé en visites de collections privées belges. Un parcours dans la ville qui complétait le clou du spectacle d’Art Brussels 2016 : la première exposition dévoilant la collection du commissaire d’exposition belge Jan Hoet.
Malgré les événements qui se succédaient (portraits expressionnistes de poissons par Josh Smith chez Xavier Hufkens, longue performance à guichet fermé de Daniel Buren à BOZAR, voir photo de une), le soir venu, c’est Independent qui a raflé la palme du public… Pour sa première édition à Bruxelles, cette manifestation new-yorkaise à l’entrée gratuite offrait un b.a.-ba rêvé des galeries les plus pointues d’Europe comme d’outre-Atlantique. Rangées sur cinq étages à la circulation serpentine, elles donnaient l’allure d’un mini Guggenheim aux ex-magasins Vanderborght dans lesquels elle avait pris ses quartiers. En rooftop, le restaurant éphémère du traiteur bruxellois Albert était copieusement ornementé de plantes grimpantes agencées par Thierry Boutemy. Ce fleuriste star était aussi l’auteur du décor de buis qui a envahi la galerie Rodolphe Janssen pour l’exposition « Made in Oven », avec des céramiques aux têtes monstrueuses et ricaneuses de Dan McCarthy.
Et le design contemporain ? Il était partout, à voir aux nouvelles adresses prometteuses des belges Victor Hunt, MANIERA et VV Gallery et de la rétrospective de Domeau & Pérès chez Atelier Jespers (voir IDEAT 122). Des évènements qu’il fallait découvrir entre la démonstration de force opérée par la Patinoire Royale avec son show XXL de sculptures de Takis posées dans un pavillon de Jean Prouvé (1957) grâce à la galerie parisienne Downtown (François Laffanour) ; et un micmac d’objets d’arts et de multiples choisis par Julia Van Hagen et Stéphanie d’Orglandes pour la première étape de leur exposition « 4 pièces » dans l’hôtel particulier d’Atelier Relief, un espace d’exposition partagé entre l’ambition de faire commerce de l’art… et se fondre dans la légendaire hospitalité belge.