Au rez-de-chaussée, les caisses d’expédition sont estampillées « Since 1974 », année de naissance de Mathieu Lehanneur. À l’aube de la cinquantaine, le designer, qui vient d’être élu designer de l’année 2024 au salon Maison&Objet, affirme son indépendance. Il consacrera désormais l’essentiel de son temps à la marque à laquelle il a donné son nom et qu’il a installée dans un bâtiment de 800 m2 près de Paris.
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Matthieu Lehanneur depuis toujours à l’écoute
Appelez-la collectible design ou functional art, sa production est conçue sur mesure pour chacun de ses clients. « Depuis toujours, je rêvais de rencontrer le destinataire final, confie-t-il. Cet échange me nourrit. Je commence à toucher du doigt cette liberté. Je ne trouve pas d’intérêt à ajouter une pièce de plus dans le catalogue d’un éditeur. Si belle soit-elle, elle est la somme de petits renoncements et j’aime garder le contrôle. »
Le designer ne fixe plus de limites à ses dessins, et charge un aréopage d’ingénieurs et d’artisans de rendre possible la magie. Chaque œuvre est développée à la Factory, les pièces détachées sont produites par un réseau de compagnons patiemment constitué en France et en Europe, avant de revenir pour assemblage et expédition ici.
Et là, la torche olympique
Mathieu Lehanneur échange de longs moments avec les souffleurs de verre, les tailleurs de pierre et les ébénistes. « Les matières existent depuis la nuit des temps. Je veux leur faire dire autre chose, et cela demande de l’expérimentation. Je me fais souvent claquer la porte au nez, mais 5 % de mes interlocuteurs me reçoivent avec les yeux qui pétillent », explique-t-il. Ainsi est née la collection de mobilier « Inverted Gravity », gageure technique pour faire tenir, par exemple, une tonne de marbre sur des sphères en verre soufflé, chacune supportant un poids de 250 kilos.
On aperçoit, dans le showroom du premier étage, sa table basse de la collection « Ocean Memories », où le plateau figure le mouvement de l’eau, comme pétrifié dans l’instant. Il y a aussi la Torche olympique, « exactement identique au dessin original que j’avais proposé », se réjouit le designer, avant de conclure: « La Factory est un îlot d’indépendance, une forteresse d’idées et d’énergie. C’est le lieu dont j’ai toujours rêvé pour travailler. »
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