Marcelo Joulia dépasse les bornes… de l’architecture !

Cela fait bientôt trente ans que ce Franco-Argentin impatient étonne par son aptitude à dépasser les bornes de l’architecture. On le croit à Shanghai ou à Buenos Aires sur le chantier d’un hôtel ou d’une boutique de luxe, il est en fait à Paris pour ouvrir son dernier restaurant… et lancer une ligne de vélos à son nom.

À l’actif de Naço, on trouve des chantiers privés mais aussi des multiplexes pour Pathé, 65 hôtels dans le monde (des Club Med, plusieurs Blossom Hill en Chine et un Mercure à Nantes, ouvert en juin), le nouveau stade de l’Olympique lyonnais, des boutiques, des agences de pub et, actuellement en cours de réalisation et le siège de L’Oréal à Levallois (92). « Je suis un faiseur, pas un théoricien. J’aurais pu continuer dans la seule voie de l’architecture, tirer profit d’une invitation à la Biennale de Venise au pavillon international (en 2000), courir les appels d’offres et les marchés publics, mais j’ai préféré emprunter d’autres voies, explorer l’Asie avant de me poser à Shanghai pour développer Naço, avec un autre Unico, le restaurant qui va avec. C’est de l’ordre de l’intuition. Je peux être assez épuisant », avoue-t-il avec malice.

On le croit sur parole, lui qui a également trouvé logique de revenir à Buenos Aires en 2008 pour ajouter un troisième étage à la fusée Naço. Rebelote, une agence puis un restaurant, Unik, au cœur de l’effervescent quartier de Palermo Hollywood. Pour son ami Emmanuel Hoog, président de l’AFP, « Marcelo incarnait déjà la mondialisation avant easyJet, Twitter ou Instagram. Il en a dessiné les prémices. » Hyperconnectée, la planète Joulia se joue des fuseaux horaires, des contraintes et des frontières.

Avec le Squalt, Marcelo Joulia s’aventure sur les mers…
Avec le Squalt, Marcelo Joulia s’aventure sur les mers… Naço

Soif de vie totale
« Ma force, c’est d’avoir construit l’agence à mon image. Elle est mon bras armé, mon lab appliqué, le lieu où les architectes, designers, graphistes (vingt personnes à Paris, trente à Shanghai, une dizaine à Buenos Aires) ont la capacité d’étudier, créer et immédiatement fabriquer sur place », raconte encore le touche-à-tout. Dans cette chapelle du « faire » qu’est Naço prennent forme des projets d’architecture et de design global, des lampes, des papiers peints, des vélos, des bateaux (le Squalt et, actuellement en chantier, deux catamarans, de 20 et 24 mètres) et bien sûr des restaurants. « Parce que j’adore vivre ! » s’exclame l’épicurien, dont les amis ne manquent pas de vanter la générosité.

L’accueil des cinémas Gaumont revu par Marcelo Joulia et son agence Naço.
L’accueil des cinémas Gaumont revu par Marcelo Joulia et son agence Naço. Naço

« Extravagant mais attentionné, une grande finesse cachée dans un physique d’armoire à glace. Amenez-lui à dîner l’entraîneur d’Arsenal, Arsène Wenger, et il redevient un môme ! » s’enthousiasme l’auteure Sylvie Gagnaire, épouse du chef Pierre Gagnaire, qui lui commanda jadis le décor de son second restaurant à Saint-Étienne. « Un homme de tribu qui aime s’entourer des siens, un nouveau sauvage qui a tout du personnage de roman », renchérit Laurent d’Estrées, patron de l’agence de communication 14 Septembre.

Si Joulia l’architecte dit vouloir se recentrer sur ses projets en France,
son terrain de jeux du moment a les contours de sa propre maison, entre Arles et Tarascon. L’ancienne exploitation viticole, en travaux, a vocation à devenir une ferme travaillée en permaculture pour servir en légumes ses cinq restaurants parisiens. Depuis quelques jours, l’imprimante 3D de Naço marche à plein régime, jour et nuit : « J’ai dessiné les poignées de porte du Mas Cartier, on les fabrique, c’est plus simple. Comme les assiettes. Puisque j’ai déniché là-bas un four céramique extraordinaire, on va pouvoir créer notre vaisselle ! » Chez Marcelo Joulia, on n’est pas près de trouver le bouton « off » !

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