Il aime quand le geste permet de s’approprier la fonction d’un objet, comme sa lampe Catch Me, dont on peut régler l’intensité en révélant plus ou moins son tube grâce à la tige qui prolonge ce dernier, ou sa boîte Secret, que l’on retourne comme une boule à neige pour faire disparaître ce que l’on a mis à l’intérieur. Ces projets, respectivement édités par Ligne Roset en 2006 et Lexon en 2015, il avait déjà commencé à les développer sur les bancs de l’École nationale supérieure de création industrielle (Ensci), voie royale offerte à ceux qui se destinent à cette discipline.
« Après deux années passées à étudier les mathématiques, je ne savais pas quoi faire de ma vie. Je suis tombé par hasard sur la plaquette de l’école, ce fut une véritable révélation », se souvient Marc Venot qui n’avait jamais songé auparavant au métier de designer. Période bénie durant laquelle l’étudiant manipule la matière et s’exerce à la notion de concept.
Autre lieu, autre style. En 2005, le jeune diplômé entre au studio Cent degrés, où il dessine des flacons de parfum pour Cartier, Narciso Rodriguez ou Jean-Paul Gaultier… C’est autour de l’année 2010 qu’une rencontre avec le directeur artistique de la maison Thonet le pousse à enfin se mettre à son compte. Ses tables gigognes 1010, relecture tout en bois du célèbre modèle B9 de Marcel Breuer, sont éditées. Sa carrière solo est lancée. Le fabricant d’ustensiles de cuisine Mastrad lui commande dans la foulée toute une série d’objets qui lui permettent d’affirmer sa vision du design : démocratique et ludique. Pendant ce temps, Marc Venot continue d’envoyer ses croquis dans toute l’Europe. En 2015, une marque danoise s’intéresse à son fauteuil pour enfants en forme d’éléphant : « Une idée venue comme ça, en gribouillant. »
L’année d’après, grâce à une entreprise espagnole, sa Quetzal Chair entre elle aussi en production. Elle est équipée de coussins que l’on retourne comme des dominos pour en changer la couleur. L’interaction entre l’homme et l’objet, toujours…
Cette année, Lexon a lancé la lampe Secret Light, la version luminaire de la boîte Secret. Un projet né dans un studio que Marc Venot partage avec son confrère Antoine Lesur. Ensemble, ils ont remporté le prix Émile Hermès en 2014 avec Hut, une alcôve verticale de repos destinée aux espaces de travail. « De nos jours, si on s’allonge au bureau, on passe pour des fainéants… Nous avons donc proposé un meuble qui permette de faire une sieste debout », s’amuse le duo. Bosseurs et cool à la fois, deux ans plus tard, c’est à eux que le sellier commande la scénographie du prix de sa fondation dans le cadre des D’Days.