En 2017, Joran Briand, fondateur du studio Briand&Berthereau et sa compagne Flavia Rougier, repèrent ce qui, à première vue, ressemblait à « un monolithe émergeant des dunes sauvages. À l’origine, c’était le hangar à bateaux de mon voisin, poursuit Joran. Un jour d’été, après une session de surf, je me promenais sur la route de la côte et j’ai vu sur la bâtisse un panneau “À vendre”. Je lui ai demandé si je pouvais la voir. Il a ouvert la grande porte du garage et, d’un coup, la lumière a jailli, magnifique. Je me suis tout de suite projeté dans ce lieu atypique. Je m’y voyais travailler, créer, profiter de la vie et des vagues. »
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Heavy metal
La rénovation du hangar dure trois ans. La toiture, vétuste, est supprimée pour faire entrer le maximum de lumière naturelle zénithale. La façade ouest est démolie pour concevoir la terrasse et le porche, d’où la superbe vue sur la lande et la mer. « Nous n’avons gardé que la structure métallique, que nous avons renforcée pour construire un étage », explique Joran.
Les travaux s’étendent sur deux fronts : la maison-studio de création et l’atelier, au centre du projet culturel et collaboratif West is the Best. « Je suis allé à la rencontre d’artistes, de designers et d’artisans passionnés par l’océan. Après chaque voyage, nous avons publié des livres, entre le journal et le carnet de voyage. La rencontre de ces créateurs dans leurs ateliers, au Mexique, en Californie ou en France, m’a aidé à concevoir le hangar, que nous avons envisagé, avec mon associé Arnaud Berthereau, comme un temple évolutif de la frugalité. »
À l’intérieur, l’espace combine acier et béton. Un couloir suspendu en caillebotis de métal devient un élément distinctif, tout comme le sol, en béton poli, recouvert d’une résine transparente. L’utilisation de cloisons en polycarbonate et de signalisations graphiques pour indiquer les espaces participent à l’atmosphère générale.
Autre élément déterminant, le flux de couleurs, avec un extérieur strictement noir. Le porche, réalisé pour se rincer et se sécher après le surf, est noir lui aussi, un prélude inattendu vers l’atelier de peinture du couple.
Intérieur éclectique
Au cœur de la maison, le salon est sous influence seventies, émaillé de diverses références au monde océanique. Au centre, trône le canapé en cuir orange vintage de Jacques Charpentier pour Roche Bobois. Même les couleurs des chaises de la salle à manger entrent en harmonie avec la pièce et avec la série de terres cuites exposées.
Au sol, se déploie le grand tapis Écume imaginé par Studio Briand&Berthereau pour Cinna à côté d’un modèle Beni Ouarain. Dans le prolongement du salon, la cuisine s’ouvre sur une grande table et sa suspension de style industriel. L’ensemble a été conçu sur mesure en acier et en métal galvanisé par le studio.
L’installation linéaire de l’espace est rehaussée au mur par une étagère à rail unique, où l’on aperçoit des figurines africaines, des ustensiles en bois et de petites céramiques provenant de nombreux voyages. L’étage supérieur est accessible par un escalier en acier situé à l’arrière du mur de la cuisine.
De là, on peut apprécier la structure aérienne du couloir suspendu, qui reprend le motif du caillebotis métallique et permet une double perspective: sur la pièce à vivre, en contrebas, et sur l’espace de travail, au premier niveau. La chambre principale suit la pente du toit, avec un sol qui se transforme en parquet vitrifié.
Ici, on retrouve le caillebotis en métal transformé en tête de lit et en table de nuit. La salle de bains carrelée de céramique blanche est ponctuée d’étagères flottantes et d’éléments noirs.
En traversant le couloir suspendu du hangar, on accède à l’espace de travail du couple, meublé du grand bureau en béton signé Studio Briand&Berthereau, jouxtant un petit salon de musique meublé d’un canapé en cuir noir Marsala (Ligne Roset). Le tout est encadré par deux grandes fenêtres avec vue sur la mer.
La terrasse est minimale, aménagée d’un fauteuil de méditation vintage, d’un hamac et d’une table basse en pierre rose corail. Dehors, abrité par un mur de couleur sombre, un patio surélevé est garni d’une table, d’assises en caillebotis de métal et d’un petit jardin de plantes grasses et de cactus. Tout semble souligner le sentiment de liberté et d’infini.
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