Parce qu’elle est capable de sublimer un décor, les architectes accordent à la lumière une attention particulière. Mais, pour les séduire, encore faut-il savoir s’y prendre. « Il faut prêter une grande attention à la sensibilité et à la créativité des architectes pour transformer leur rêve, parfois impossible, en réalité », confie Riccardo Candotti, président de Leucos. Depuis sa création en 1962, cette société de luminaires italienne a su multiplier les arguments pour éblouir les projets les plus exigeants. Et, si elle est aujourd’hui distribuée dans près d’une centaine de pays, c’est bien avec les architectes qu’elle opère plus de la moitié de son activité. « Parce que nous avons une expérience de plus de cinquante ans dans le secteur, nous savons aujourd’hui dialoguer avec eux et satisfaire pleinement leurs attentes professionnelles », continue Riccardo Candotti.
Dès l’origine, les fondateurs de Leucos, Eugenio et Roberto Pamio, ont eu l’idée de rapprocher design et travail du verre. Un nouveau concept décoratif qui contribuera vite à la notoriété de leur marque, d’abord auprès du grand public, puis, dès les années 80, auprès des professionnels. « Le verre est notre matériau de prédilection, les lampes décoratives, notre trait caractéristique, résume le président de l’entreprise, qui explore aussi des matériaux tels que l’aluminium. Le verre est soufflé ou travaillé à la main par des maîtres-artisans, tandis que les composants métalliques sont injectés ou extrudés avec des moules et des matrices de haute précision. »
Des projets dans le monde
Si l’essentiel de sa production reste localisée dans ses quatre usines de Salzano, un faubourg industriel de Venise, Leucos est devenu une référence mondiale en développant son commerce extérieur dans les années 90. Notamment aux États-Unis, où l’entreprise a même créé une succursale, Leucos USA, en 1991. « Le marché américain est très important pour nous, car nous étions les premiers en Italie à y développer une activité contractuelle en parallèle de la vente au détail », souligne Riccardo Candotti. L’entreprise aborde également le marché français sur plusieurs fronts. Outre la distribution de ses produits dans une cinquantaine de points de vente, elle a participé à de nombreux projets, comme le restaurant Jules Vernes de la tour Eiffel ou la boutique Van Cleef & Arpels à Paris, ou encore l’Auberge de l’île Barbe, à Lyon. « Mais c’est parfois depuis le cœur de Paris que nous travaillons à des projets mondiaux, ajoute le président. Avec le studio Humbert & Poyet, nous avons travaillé sur le Beefbar de Monte-Carlo, par exemple, et, avec Patrick Jouin et Sanjit Manku, nous avons débuté de nouveaux projets à Las Vegas et en Thaïlande. »
Le design pour moteur
Patrick Jouin est un habitué des produits Leucos, qu’il sollicite régulièrement dans ses projets. Mais le designer français a également conçu plusieurs produits pour la marque, comme les collections « Ether » et « Reed », deux best-sellers. Car, si l’entreprise compte plusieurs designers internes – « parmi lesquels je m’inclus », précise Riccardo en souriant –, elle s’adresse aussi à des talents extérieurs comme Arik Levy ou Matteo Thun. « Nous aimons le dialogue méticuleux avec les concepteurs, explique Riccardo Candotti. Nous nous associons avec des designers d’origines ou de cultures différentes et, surtout, nous aimons expérimenter autour du verre avec eux. »
C’est toutefois en fibre de carbone et en aluminium que sont réalisés les deux derniers modèles de la marque, qui s’essaye depuis peu à d’autres matériaux. Deux luminaires surdimensionnés : Katana, un lampadaire signé Valerio Cometti et Paolo Balzanelli, dont la balance est rendue possible par la légèreté de la fibre de carbone ; et The Great JJ, une réédition sculpturale de la célèbre lampe de table conçue en 1937 par Jac Jacobsen et produite depuis des années par Leucos. « Nous travaillons sur de nouveaux projets qui seront présentés à Euroluce 2017 (la section luminaires du Salon international du meuble de Milan qui a lieu un an sur deux, NDLR), ajoute encore le président de Leucos. Sans dévoiler plus de détails, je peux seulement vous dire que ce seront de vraies stars ! »
Étoffant chaque année le catalogue de ses produits comme celui de ses contrats, la marque a travaillé récemment sur des projets aussi divers que l’hôpital Mafraq aux Émirats arabes unis, l’hôtel Virgin de Chicago, le ministère de la Défense d’Arabie saoudite, des bateaux de croisière à Singapour ou l’Opéra de Surgut, en Russie, pour n’en citer que quelques-uns. Mais Riccardo Candotti avoue avoir une ambition secrète : « Nous avons la chance d’avoir créé des ambiances lumineuses pour Dior, mais mon désir serait de travailler aussi pour Hermès, Chanel, Lanvin ou encore Louis Vuitton, et de concevoir les éclairages de leurs plus beaux magasins dans le monde. » Ambassadeur du luxe français ?