Les Rencontres d’Arles 2018 : les 10 expos incontournables

Avec plus de 30 expositions disséminées un peu partout dans l’ancienne capitale provinciale de la Rome antique, Les Rencontres d'Arles s'imposent cette année encore comme LE festival international de la photographie. Face à cette abondance de créativité, IDEAT a sélectionné pour vous 10 expos parmi les plus passionnantes de cette 49e édition.

Paul Graham : trilogie américaine
 
Prendre les thèmes les plus éculés du photojournalisme et les faire entrer à coups de pied et de larmes dans une nouvelle ère photographique, telle est l’ambition de Paul Graham (né en 1956). Inspiré à la fois par les précurseurs de l’enquête sociale à la manière du Britannique Bill Brandt et les pionniers américains de la couleur tels William Eggleston ou Stephen Shore, Paul Graham a créé un nouveau langage. Trois séries réalisées aux Etats-Unis en rendent compte : elles dénoncent les inégalités sociales et économiques subies par les minorités dans les banlieues en présentant sous forme de diptyque une scène et son double. L’instant décisif et celui d’après. Une trilogie magnifiquement présentée – à hauteur d’homme – dans une magnifique église gothique.
Paul Graham : La blancheur de la baleine, église des Frères-Prêcheurs, jusqu’au 26 août.

La Nouvelle-Orléans, série a shimmer of possibility [un scintillement de possibilités], 2003-2006.Avec l’aimable autorisation de Pace/MacGill Gallery, New York ; Carlier | Gebauer, Berlin ; Anthony Reynolds Gallery, Londres.
La Nouvelle-Orléans, série a shimmer of possibility [un scintillement de possibilités], 2003-2006.
Avec l’aimable autorisation de Pace/MacGill Gallery, New York ; Carlier | Gebauer, Berlin ; Anthony Reynolds Gallery, Londres. Paul Graham
La forêt lumineuse de Pipilotti Rist
Au beau milieu de la grande Halle, la Suissesse Pipilotti Rist, star de l’art vidéo, a créé 
une pièce noire. Quiconque y pénètre se retrouve alors immergé dans un univers habité d’une multitude de lumières scintillantes dont les couleurs et la luminosité varient aux rythme d’une musique pop. Cette pluie sonore et kaléidoscopique est produite par 3000 lumières leds suspendues au plafond avec des câbles de dimensions variables et enveloppées de coquilles de résines transparentes et granuleuses, toutes faites à la main. Intitulée « Pixel Forest », cette installation est présentée pour la première fois en France. Une expérience à la fois physique et psychologique.
Pipilotti Rist. Pixel Forest, jusqu’au 4 novembre, Luma Arles, Parc des Ateliers.

Pipilotti Rist, Pixel Forest, 2016. Vue de l’installation, ‘Pipilotti Rist: Pixel Forest’, New Museum, New York, États-Unis, 2016.
Pipilotti Rist, Pixel Forest, 2016. Vue de l’installation, ‘Pipilotti Rist: Pixel Forest’, New Museum, New York, États-Unis, 2016. Mancia Bodmer

Gilbert and George : so british
Sexe, guerre et religion… Tels sont quelques uns des thèmes développés depuis cinquante ans par le plus blasphématoire et le plus populaire des duos britanniques. Pour fêter cet anniversaire (Gilbert Prousch et George Passmore se sont rencontrés à la fameuse St Martin’s School of Art en 1967), la fondation Luma leur offre une rétrospective à la hauteur de leur réputation : 83 photomontages monumentaux, aussi colorés que sulfureux, composés d’autoportraits et d’images issues de leurs pérégrinations quotidiennes. Mais aussi complexes que soient ces vitraux contemporains, ils obéissent à un même mot d’ordre : mettre l’humain au cœur de leur œuvre et rendre l’art accessible à tous.
Gilbert & George, The Great Exhibition, jusqu’au 6 janvier, La mécanique générale. Tél. : 04 90 47 76 17.

ASTRO STAR, 2013. Avec l’aimable autorisation de Gilbert & George.
ASTRO STAR, 2013. Avec l’aimable autorisation de Gilbert & George. Gilbert & George

Pigalle, années 1970 avec Jane Evelyn Atwood
Paris, 1978. La New-Yorkaise Jane Evelyn Atwood (née en 1947), photographe néophyte, découvre Pigalle, quartier interlope de Paris pas encore décimé par le sida. En immersion une année durant, elle fixe le quotidien des prostituées transsexuelles : « Il y a un chagrin au plus profond d’elles, trop profond pour être enregistré par un appareil photo, presque trop enfoui pour y accéder avec des mots. » Cette première expérience définit sa démarche : Jane Evelyn Atwood documentera l’intimité de personnalités hors normes et souvent exclues, avec respect et empathie. Ses images argentiques sont aujourd’hui exposées dans un appartement délabré, La Croisière, en dialogue avec celles de Joan Colom prises à Barcelone au cours des années 90.
Jane Evelyn Atwood, jusqu’au 23 septembre, La Croisière, 65 boulevard Émile Combes.

Gent del carrer, 1993.Avec l’aimable autorisation de Foto Colectania Collection.
Gent del carrer, 1993.
Avec l’aimable autorisation de Foto Colectania Collection. Jane Evelyn Atwood

Art et spiritualité avec Matthieu Ricard
Un mariage inédit, celui d’un architecte colombien, Simon Vélez, primé en 2016 à la Biennale de Venise et d’un moine bouddhiste, le très médiatique Matthieu Ricard. Le premier a conçu un pavillon éphémère en bambou de 1000 m2, et le deuxième y a accroché quarante photos résumant cinquante ans d’une vie dédiée à la contemplation ; quarante tirages noir et blanc, au format XXL (2 mètres x 1,5 mètre), imprimés sur du papier japonais traditionnel dans lesquels l’immensité des paysages frise le surnaturel. Comme un havre de paix sous le soleil arlésien, du cœur de l’Himalaya au bord du Rhône.
Matthieu Ricard, Contemplation, jusqu’au 23 septembre, 1 quai de la Gare maritime.

Pavillon 1, Simulation 3D de l’exposition de Matthieu Ricard dans l’allée centrale.
Pavillon 1, Simulation 3D de l’exposition de Matthieu Ricard dans l’allée centrale. DR