Le nouveau TGV va-t-il (enfin) nous faire préférer le train ?

Après 9 ans à bûcher sur le projet, la SNCF et Alstom ont révélé en grande pompe leur tout nouveau train à grande vitesse, le TGV Inoui, imaginé notamment en collaboration avec Nendo. Suivez le guide.

Mardi 11 mars 2025, Gare de Lyon, Paris. Les invités se pressent sur la voie 5, non pas cette fois par peur de voir filer au loin leur train, mais pour découvrir les nouvelles rames du TGV Inoui, blanc immaculé, prévues pour rejoindre les rails dès l’an prochain. Le grand pari de la SNCF Voyageurs et d’Alstom de cette dernière décennie.


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Une révélation en grande pompe

Après une heure de discours – notamment de Philippe Tabarot, Ministre auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, chargé des Transports -, sur une musique à suspense façon Hollywood, les portes s’ouvrent. L’entrée se fait par groupe, de façon ordonnée, en suivant un chemin tracé, accompagné d’un guide qui explique toutes les spécificités de ce TGV Inoui flambant neuf, la 5e génération de trains à grande vitesse depuis leur lancement en 1981.

La deuxième classe, dans un camaïeux de bleus.
La deuxième classe, dans un camaïeux de bleus. Yann Audic

Première étape : la première classe. Une dominante de rouge sombre et de gris souris, des nouvelles lampes jaune poussin tout en rondeurs qui s’inscrivent dans la continuité des luminaires TGV et des fauteuils ergonomiques – déjà révélés en septembre 2023 – aériens, aux allures de galets.

Si on nous promet davantage de confort et 5 centimètres de plus pour allonger les jambes, il faut bien l’avouer, l’allure presque chétive des assises ne peut nous empêcher de regretter les anciens sièges XXL ultra rembourrés des Duplex de Roger Tallon – à jamais nos préférés. On y glisse tout de fois dessous son bagage cabine, et, détail de taille, les grilles d’aération sous les fenêtres, gênantes et peu hygiéniques, ont été déplacées pour notre plus grand plaisir.

La nouvelle lampe dessinée par Nendo aura-t-elle autant de succès que celle de Ionna Vautrin, si culte ?
La nouvelle lampe dessinée par Nendo aura-t-elle autant de succès que celle de Ionna Vautrin, si culte ? Yann Audic

Le TGV, une fierté française inspiré de la réussite japonaise

Si le TGV est depuis toujours une grande fierté française – celui est d’ailleurs entièrement made in France – la SNCF a fait appel au studio Nendo pour concevoir ce bolide qui serpente entre les arbres et sillonne le paysage telle une rivière d’eau claire. Pas étonnant : ce sont les japonais qui ont mis en service, en 1964, le premier train à grande vitesse, le fameux Shinkansen.

Les banquettes galets du nouveau TGV Inoui.
Les banquettes galets du nouveau TGV Inoui. Yann Audic

Ces rames dernier-cri ont par ailleurs été pensées pour y déambuler, le pari de la SNCF étant d’encourager les passagers à se déplacer au lieu de rester cantonner à leur place durant tout le trajet. Sur les plateformes, les banquettes riquiqui coincées entre les bagages et les WC ont été remplacées par de vrais espaces dédiés d’où l’on peut observer le paysage par les grands hublots vitrés.

Quant au wagon-restaurant, rebaptisé « Le Bistro », il s’étend sur deux niveaux et n’a plus vocation à n’être qu’un simple lieu de passage où faire la queue. Agencé comme un vrai café, le premier étage est réservé à la consommation, quand le niveau inférieur abrite machines à boissons chaudes, micro-onde, compartiments réfrigérés où choper burger et sandwich au poulet, et caisses automatisées. L’idée ? Rendre plus rapide l’achat de son déjeuner et ainsi désengorger ce lieu revisité qui fait la grande fierté du groupe français.

La voiture bar devient Le Bistro et s’étend désormais sur deux niveaux, dont le supérieur est dédié à la consommation.
La voiture bar devient Le Bistro et s’étend désormais sur deux niveaux, dont le supérieur est dédié à la consommation. Yann Audic

Surtout, personne n’a été oublié : pour la première fois, une voiture est dédiée aux personnes à mobilité réduite, qui peuvent, grâce à un ascenseur, y monter en toute autonomie. Les toilettes ont été déplacées à l’arrière de la salle, afin d’en permettre l’accès. Enfin un vrai progrès.

1800 ingénieurs et techniciens, un projet de 9 ans et à la clé 400 innovations, une économie d’énergie de 20%, 20% de place en plus et une réduction du coût de maintenance de 30%. Voilà ce que promet Christophe Fanichet, président-directeur général de SNCF Voyageurs en ce matin frisquet. Car l’enjeu n’est pas négligeable : dans un monde qui doit réduire ses émissions de carbone, faire préférer le train est primordial. Le groupe le sait et a centré ses recherches sur l’amélioration de qu’ils appellent dans le jargon « l’expérience client ».


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