Au-delà des clichés de paysages de carte postale sur fonds alpins, la Suisse est bien un pays de design ! Certains l’étudient dans des filières mondialement réputées, comme l’ECAL à Lausanne, pendant que d’autres le vivent. Passionnément, quotidiennement. En Suisse, la culture du design se profile avec des caractéristiques bien helvétiques, situées quelque part entre le minimalisme scandinave, l’opulence italienne et le classicisme français. C’est dans ce contexte propice aux belles lignes bien pensées que le Salon du Design plante le décor de sa deuxième édition au Pavillon Sicli à Genève.
Pendant deux jours, le bâtiment sculptural à l’architecture lunaire datant de 1969 se transformera en Mecque du design. Un rendez-vous que les amoureux du mobilier et luminaires signés des années 1920 à 1980 ne manqueraient pour rien au monde, car ils sont certains d’y trouver au moins un objet du désir. Suisses ou venus de France, Belgique, Italie, Allemagne et Hollande pour la première fois, l’événement accueille une trentaine de marchands triés sur le volet par les bons soins de l’initiatrice de la manifestation Corine Stübi, accessoirement propriétaire de la galerie Kissthedesign à Lausanne pour laquelle le succès de la première édition augure celui de la deuxième : « Nous avons reçu 4 000 visiteurs en 2017, une belle clientèle, avec beaucoup d’acheteurs et de collectionneurs. »
L’idée est née des suites de Design+Design à Zurich, une manifestation aujourd’hui disparue. « Cette petite foire misait sur l’aspect culturel plus que sur la vente. Lorsqu’ils ont arrêté, rien ne l’a remplacée, constate Corine Stübi. A ce moment-là, il y avait d’un côté les nombreuses brocantes vintage et de l’autre, Design Miami à Bâle, mais rien entre deux. Pourtant, c’est là que se situe le marché. »
Mission accomplie, la passerelle entre les marchands et le public est créée. On a gardé le meilleur du design du XXe siècle, pendant que le pire a été oublié (avant de ressortir peut-être plus tard à travers un nouveau regard…), une spécificité propre aux avant-gardes : « C’était le cas du mouvement Bauhaus qui touchait une poignée de gens à ses débuts, ou Finn Juhl qui sortait son fauteuil Pelican dans les années 40 avec dix ans d’avance », observe la spécialiste dont le cœur balance entre la sobriété des lignes des années 50 de Wegner et les créations totalement loufoques du mouvement italien Memphis.
Plutôt que choisir entre le rationnel et l’irrationnel, elle préfère marie les deux ! Car le design, elle est tombée dedans petite, presque à son insu : « Mon père avait récupéré le mobilier de son patron. Dans le lot se trouvait une chauffeuse qui m’a accompagnée durant toutes les étapes importantes de mon enfance. Il s’agit de la Soft Chair conçue par Susi et Ueli Berger en 1967. Très pop, en mousse recouvert de vinyle blanc, c’est un fauteuil rond et très léger. Gamine, je m’en servais pour faire des grottes et des cabanes. Adolescente, j’écrivais des poèmes dessus ! », se souvient-elle en riant. Lors du premier Salon du Design, toutes les pièces signées Alvar Aalto avaient trouvé preneur. Pour cette deuxième édition, les paris sont ouverts sur le designer best-seller en 2018 : réponse dans quelques jours à Genève !
> Le Salon du Design, les 3 et 4 novembre 2018, Pavillon Sicli, Genève. Adresse et infos pratiques.