Suivant une tendance croissante dans ce domaine, le London Design Festival (LDF), qui s’est tenu en septembre dernier, ne propose plus de foire réunissant des exposants sous un même pavillon mais déploie une multitude d’initiatives dans la ville. Tour d’horizon des cinq plus réjouissantes du cru 2024 à Londres.
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1 – Réchauffer l’Ukraine
« J’aurais aimé que ces fenêtres n’aient jamais eu besoin d’exister. Elles sont nées de notre manque d’empathie. Nous avons tous la possibilité de modifier l’histoire collective et c’est ce à quoi je m’emploie. Nos fenêtres créent de l’espoir quand il n’y en a plus… »
C’est par ces mots poignants que Harry Blakiston Houston a reçu l’Emerging Design Medal (la médaille du design émergent) de l’édition 2024 du LDF. L’année dernière, il fondait Insulate Ukraine, une initiative conçue pour installer des fenêtres temporaires en polyéthylène à triple vitrage et à faible coût dans les maisons endommagées par les bombes de ce pays ravagé par la guerre.
Des milliers d’entre elles ont déjà été posés. Elles bénéficient d’un design innovant assez robuste pour résister à des explosions, tout en étant fabriquées à partir de matériaux et d’outils facilement disponibles.
2 – Les corps célestes de Jaime Hayón
Souvent considéré comme élitiste, le design se rapproche du public à travers la voix de ses plus grandes stars. À l’instar de Ronan Bouroullec qui a investi le grand magasin Isetan à Tokyo (« The Hand Remembers » en septembre dernier), Jaime Hayón s’est invité chez Fortnum & Mason, immense épicerie de luxe sur Piccadilly, à l’occasion du 25e anniversaire de son studio.
Les vitrines devant lesquelles défilent des dizaines de milliers de visiteurs chaque jour ont accueilli une rétrospective des créations du designer, de ses animaux en cristal pour Baccarat, à sa série de tables basses en bois pour Cassina ou la lampe Montera pour & Tradition, jusqu’à des personnages sculpturaux et colorés en céramique.
Suspendue dans l’atrium, « Malabarista », une installation immense représentant un personnage jonglant avec des éléments célestes, plongeait définitivement le visiteur dans l’univers fantasmagorique du Valencien.
3 – Le battement d’aile de l’abeille
Le London Design Festival offre une occasion unique de découvrir la ville et ses secrets… Pour cette édition 2024, il fallait prendre le bus vers le nord de la ville et s’arrêter à Abney Park, un incroyable cimetière à l’abandon typiquement british.
C’est dans le pavillon d’accueil de ce dernier que s’est installé Wax Atelier, studio fondé en 2017 par les designers Lola Lely et Yesenia Thibault-Picazo, spécialisées dans la création de bougies et d’objets en cire d’abeille. À l’occasion du festival, l’atelier a ouvert ses portes, nous invitant dans un monde poétique où la nature devient l’alliée de l’humain et non plus sa subordonnée…
4 – Modernisme à la sauce anglaise
Célèbre pour ses installations XXL, le LDF a rempli sa mission cette année avec « Les Pavillons des merveilles » (Pavillions of Wonders en VO), trois micro-architectures entre Inox et rose bonbon dédiées à Barbie (la poupée mais aussi le film de Greta Gerwig, de 2023) et inspirées de Palm Springs, la ville emblématique de l’architecture californienne, plantée en plein désert.
« Plusieurs facteurs m’ont donné envie de m’inspirer de cette poupée iconique en l’inscrivant dans le modernisme californien. D’abord une exposition lui a été dédiée au Design Museum, le lien était donc déjà fait entre les deux univers et puis Barbie est née en 1959 à Los Angeles, mecque du Mid-Century Modern », expliquait la designer Nina Tolstrup, cofondatrice avec Jack Mama de Studiomama, qui a imaginé ces Pavillions of Wonders.
Deux d’entre eux s’inspirent de projets iconiques de l’architecte Albert Frey : la mairie et la station essence de Palm Springs. À première vue dissonant dans le cadre historique de Strand Aldwych, en plein cœur de la capitale britannique. « J’ai en réalité entamé une discussion avec les bâtiments alentour en proposant des arches à mon troisième projet qui évoquent celles des édifices qui bordent la place », conclut la créatrice.
5 – Fouler aux pieds l’avant-garde
C’est dans un petit showroom d’une rue discrète du quartier de Shoreditch, l’un des cœurs battants du London Design Festival, que Christopher Farr, éditeur de tissus d’ameublement, papiers et passementerie, a dévoilé deux tapis dessinés par l’artiste et designer Sophie Taeuber-Arp (1889-1943), membre du mouvement Dada.
Au cœur d’une élégante scénographie, on découvrait le tapis noué à la main Étude Ligne, 1941 et le tapis tufté à la main Aubette Study. Deux créations, l’une noire et blanche, l’autre colorée, mais toutes deux aux lignes abstraites, typiques de l’œuvre de TaeuberArp, ancrées dans leur époque et pourtant profondément contemporaines. Un travail de réédition important pour rendre justice à l’œuvre de cette artiste d’avant-garde…
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