Une nouvelle essence de peau, la poésie tracée au BIC et l’été dans un panier. Le beau du mois de juin compile le meilleur des tendances, objets de décoration, expositions et dernières publications.
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Le Culbuto fait peau neuve
Qu’il était audacieux, ce Culbuto ! Imaginé par Marc Held à l’aube des années 70, ce fauteuil sculptural aux allures de jouet pour grands enfants bouleversait alors les codes de l’assise à grand renfort de courbes sensuelles et de bascule douce. Un manifeste en fibre de verre devenu quasi légendaire.

En 2025, la Galerie Promitto, nouveau nom de la Galerie Valérie Guérin, réactualise cette pièce culte dans une version en bois — frêne naturel ou brûlé selon la méthode japonaise Shou Sugi Ban — comme un retour aux sources, plus sensible et surtout, plus durable. Sous la main d’artisans d’exception, le Petit Culbuto et son ottoman deviennent des meubles d’exception prêts à défier les caprices du temps et à écrire une nouvelle page du design français.
L’art du couvert, version haute joaillerie
S’il fallait une preuve que la table est le dernier terrain d’expression en date des créateurs, elle tiendrait en quelques lettres : Spirale. Cette nouvelle collection de L’Objet, signée avec le joaillier portugais Sebastião Lobo, convoque l’univers cinétique d’Alexander Calder pour dessiner des couverts comme des sculptures précieuses. En métal plaqué or 24 carats, les anses torsadées hypnotisent et élèvent le simple geste de servir à un rituel d’élégance. À mi-chemin entre arts de la table et art plastique, ces pièces jouent la carte de l’audace domestique, à la frontière du quotidien et du bijou.

Même ambition chez Christofle : sublimer l’usage. Quand la sensualité d’une ligne épouse la rigueur d’un geste, le couvert s’efface en tant qu’ustensile pour devenir sculpture. Avec Carrousel, Charlotte Chesnais insuffle à l’orfèvre presque deux fois centenaire une esthétique du mouvement : celle du corps, du métal et de l’usage. Dans cet écrin pensé comme une œuvre mobile — entre cabinet de curiosités et bas-relief cinétique —, vingt-quatre pièces se dressent telles des figures chorégraphiques.

Cuillères, couteaux et fourchettes semble jaillir d’un croquis en trois dimensions. En métal argenté ou souligné d’or, ces couverts revendiquent leur statut d’objet de désir, prolongement naturel d’un geste quotidien, porté au paroxysme du raffinement. Il aura fallu deux ans de dialogue entre la créatrice et les artisans de la maison normande pour aboutir à ces formes nouvelles, fluides, presque joaillières.
> Carrousel, en vente dès septembre. Christofle.com ; les couverts Spirale, en vente ici.
Paulo Mariotti crayonne São Paulo
À la Bibliothèque Germaine Tillion, les gratte-ciel de São Paulo tombent la façade. Sous le trait inlassable du stylo Bic de Paulo Mariotti, ils quittent le vacarme urbain pour se déposer, un à un, dans un silence graphique. L’exposition Regards sur la Ville, présentée dans le cadre de la Saison France-Brésil, déploie 21 dessins où l’architecture moderniste — de Niemeyer à Rino Levi — dialogue avec des constructions Art déco ou néocoloniales, comme autant de visages d’une ville-monstre, révélée dans sa pluralité.

Chaque bâtiment est extrait de son contexte, suspendu dans le vide blanc du papier ou de la toile, comme si Paulo Mariotti opérait une fouille sentimentale. Car derrière cette cartographie poétique se joue une mémoire intime : celle d’un artiste franco-brésilien qui, longtemps, a habité São Paulo sans jamais oser la dessiner. Aujourd’hui, il en restitue les plis, les bosses, les extravagances — et surtout, l’âme.
> Jusqu’au 12 juillet 2025 à la Bibliothèque du tourisme et des voyages – Germaine Tillion (BTV), 6 rue du Commandant Schloesing, Paris 16e
Bonsoirs dévoile sa plage (très) privée
Il y a des étés qui commencent en douceur, et d’autres qui claquent comme un drap au vent. La nouvelle collection « Plage » signée Bonsoirs appartient résolument à la seconde catégorie. La marque française de linge haut de gamme transforme l’escapade balnéaire en rituel stylé, avec une série de foutas et serviettes ultra moelleuses aux imprimés exclusifs.

On y retrouve des rayures cabines qui sentent bon les vacances à Deauville, des oiseaux aux airs mythologiques ou encore des soleils bleus éclatants comme un après-midi sur les côtes grecques. Mention spéciale aux maxi foutas, aussi belles pliées dans un panier que déployées sur un transat, qui prolongent l’ode à la couleur jusqu’au dernier rayon du jour. L’été est là, graphique et généreux.
Zeste de style : le citron, fruit de l’été
Dans la grande tradition du citron solaire, trois maisons aux savoir-faire bien trempés revisitent ce fruit avec une fraîcheur toute estivale. Chez Waww La Table, la collaboration avec les restaurants Gigi donne naissance à une collection vitaminée qui sent bon la Méditerranée : verres soufflés à la bouche ornés de pieds en forme de citron, linge de table brodé main aux motifs zestés… Le tout façonné par des artisans partenaires d’une ONG soutenue par l’UNESCO. Entre luxe et conscience, la table se pare d’un soleil doux et joyeux.



Sur les lèvres, Diptyque, et Susanne Kaufmann imaginent ensemble une huile à la menthe citronnée, aussi fraîche qu’un granité savouré en plein été. À la croisée du soin botanique et du parfum estival, ce petit flacon en édition limitée sublime les lèvres d’un voile nourrissant à base d’huiles végétales. Ou quand le citron se fait caresse.
Enfin, Alya Tannous réinvente l’agrume en objet d’art, soufflé à la bouche dans des ateliers égyptiens : sa collection Lemon Zest évoque les après-midis à Batroun, les citronniers en fleurs et les souvenirs d’enfance distillés dans le verre. Du Liban à l’Italie, la Méditerranée pulse au rythme de ce fruit jaune vif, devenu emblème d’une belle saison chic et solaire.
> Waww.fr ; Diptyque ; Alya Tannous
Formafantasma : une fable minérale pour enfants (et parents) curieux
Et si les terrils, ces collines artificielle construite, résultat de l’accumulation de résidus miniers, devenaient des héros de conte ? À travers The Down Under, Formafantasma transforme ceux du Limbourg belge en décor d’un récit initiatique illustré, où la nature, libérée du regard humain, prend toute la place.



En apparence, un livre pour enfants. En substance, un manifeste transgénérationnel. Le duo italien, habitué des collaborations muséales et des réflexions post-industrielles, déploie ici une œuvre hybride, entre géologie poétique et éducation environnementale. Accompagnés des illustrations sensibles de Clément Vuillier, Andrea Trimarchi et Simone Farresin renversent le récit : la vie, la vraie, est souterraine, lente, invisible, tenace. Et dans ce nouveau territoire narratif, la ruine devient ressource. Un objet à lire, à transmettre et à conserver dans toutes les bibliothèques engagées.
> « The Down Under: The Curious Fall of a Boy Who Knew Nothing and Becomes Everything », Formafantasma en association avec C-mine.
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