L’appartement futuriste et pop de la collectionneuse Aurélie Julien

Ambassades, musées, ministères et institutions parisiennes... Le quartier des Invalides, dans le VIIe arrondissement, est l’un des plus prestigieux de la capitale. Au cœur de cet environnement très classique, pousser la porte de l’appartement de la collectionneuse Aurélie Julien, c’est plonger dans une faille spatio-temporelle impertinente.

Dès l’entrée, la sérigraphie Bless This Acid House (« Bénis cette demeure de l’acide »), de Jeremy Deller, donne le ton… C’est d’ailleurs l’une des premières pièces de l’artiste qui a gagné le Turner Prize en 2004 et a représenté le Royaume-Uni à la Biennale de Venise en 2013, et que la conseillère en design et en art, Aurélie Julien, s’est offerte en 2005.


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Espace-manifeste

Quelques années plus tôt, en 2001, fraîchement diplômée de l’École EAC Paris et du Art Institute, de Fort Lauderdale, en Floride, la jeune femme démarre une carrière d’assistante dans une galerie de design rue Louise-Weiss (XIIIe), épicentre de l’art contemporain de la capitale.

Aurélie Julien, conseillère en design et en art, collectionne aussi des œuvres. Dans le couloir, à côté d’elle, spray sur papier gaufré Fossil in Hiroshima (1976), de Tetsumi Kudo. En haut, peintureOracle II (2022), de Chino Amobi. En bas, dessin Medium Sheitel (2015), d’Elke Silvia Krystufek. Applique Orotund, de Marc Newson (Flos).
Aurélie Julien, conseillère en design et en art, collectionne aussi des œuvres. Dans le couloir, à côté d’elle, spray sur papier gaufré Fossil in Hiroshima (1976), de Tetsumi Kudo. En haut, peintureOracle II (2022), de Chino Amobi. En bas, dessin Medium Sheitel (2015), d’Elke Silvia Krystufek. Applique Orotund, de Marc Newson (Flos). Fabrice Gousset
Dans le séjour, néon I Am Back (2017), de Bruno Rousseaud. Posés sur le radiateur, céramique Tea Bowl, de Takuro Kuwata, et œuvre Plate 33, d’Elaine Cameron-Weir. Au-dessus de la pile de livres, verres Cocktail, de Calla Henkel et Max Pitegoff. Au sol, œuvre Cloudy 10 am Sweater, 1st Position A (2014), de Dwyer Kilcollin. Tabouret Rolling Stool (2021), de Marina Faust. À gauche, tabouret télescopique Rainbow.
Dans le séjour, néon I Am Back (2017), de Bruno Rousseaud. Posés sur le radiateur, céramique Tea Bowl, de Takuro Kuwata, et œuvre Plate 33, d’Elaine Cameron-Weir. Au-dessus de la pile de livres, verres Cocktail, de Calla Henkel et Max Pitegoff. Au sol, œuvre Cloudy 10 am Sweater, 1st Position A (2014), de Dwyer Kilcollin. Tabouret Rolling Stool (2021), de Marina Faust. À gauche, tabouret télescopique Rainbow. Fabrice Gousset

Elle baigne alors dans la création et commence à collectionner des œuvres d’artistes en devenir exposés chez Art Concept, Air de Paris ou Emmanuel Perrotin… Un engouement qu’elle déploie aujourd’hui dans les 85 m2 de son appartement dont pas un centimètre carré n’a été laissé au hasard et où la disposition des œuvres d’art et de design acquises au fil des ans semble créer de grands tableaux.

De la console Cut Paste, de Robert Stadler, à la salière et la poivrière Cocaine et Heroin, signées David Shrigley, en passant par le néon de Philippe StarckUn espace-manifeste pour celle qui accompagne aussi bien des passionnés dans leurs acquisitions que des grands designers dans le développement de leur carrière.

Elle qui fut l’agente de Virgil Abloh (1980-2021) à ses débuts, en 2013, avant que l’architecte, designer et créateur de mode ne devienne le directeur artistique de Louis Vuitton Homme, collabore dorénavant avec des créateurs aussi différents que Martin Szekely, Harry Nuriev, Joseph Dirand, Normal Studio ou Alexis Mabille.

Sur le meuble, Series Châteaux Double Wide, de Zoe Williams, œuvre en résine de Dan Lam et céramique sur socle de Robin Cameron. Dans les niches, céramique Waves After Waves After Waves, de Chris Hammerlein, et vases Nuage de Ronan et Erwan Bouroullec (Vitra).
Sur le meuble, Series Châteaux Double Wide, de Zoe Williams, œuvre en résine de Dan Lam et céramique sur socle de Robin Cameron. Dans les niches, céramique Waves After Waves After Waves, de Chris Hammerlein, et vases Nuage de Ronan et Erwan Bouroullec (Vitra). Fabrice Gousset

Après des années à envisager l’art uniquement comme une passion personnelle, Aurélie Julien l’a intégré dans sa vie professionnelle, en remplissant plusieurs missions, telle la gestion de la Fondation Neil Wong. Son fondateur sino-malaisien a confié, voilà dix ans, à la férue de design la constitution de sa collection et la direction de son espace muséal à venir.

Minimalisme et exubérance

« Mon appartement, c’est totalement moi, je suis très minimale et/ou conceptuelle. Je refuse le décoratif et, parmi mes œuvres d’art, on compte beaucoup de sculptures et de pièces en céramique, que je trouve assez proches du design puisque, dans tous les cas, il s’agit de 3D, de volume », explique la quadragénaire.

Dans le coin cuisine, sur la table Miss Balù, de Philippe Starck, céramique de Sandrine Pagny. Fauteuils Super Glob, de Philippe Starck (Kartell). Chaises en liège Cork, de Martin Szekely. Posée sur le socle, œuvre de Pierre Ardouvin. Sur le radiateur, grand vase Misfit, de Hella Jongerius, et Cups, de Brian Rochefort. Sur le mur, de haut en bas et de gauche à droite, œuvre Richard, d’Alison Veit. Tableau Pink Canary (Stepping Out, With Cherries and Red Flowers), d’Ann Craven. Œuvre End & Commerce, de Mathis Altmann. Tableau Mirror, de Michelangelo Pistoletto. Peinture Josh Smith (2018), d’Eliza Douglas. Au fond, au-dessus de la porte, Canvas Wrap (blue), de Stefan Tcherepnin.
Dans le coin cuisine, sur la table Miss Balù, de Philippe Starck, céramique de Sandrine Pagny. Fauteuils Super Glob, de Philippe Starck (Kartell). Chaises en liège Cork, de Martin Szekely. Posée sur le socle, œuvre de Pierre Ardouvin. Sur le radiateur, grand vase Misfit, de Hella Jongerius, et Cups, de Brian Rochefort. Sur le mur, de haut en bas et de gauche à droite, œuvre Richard, d’Alison Veit. Tableau Pink Canary (Stepping Out, With Cherries and Red Flowers), d’Ann Craven. Œuvre End & Commerce, de Mathis Altmann. Tableau Mirror, de Michelangelo Pistoletto. Peinture Josh Smith (2018), d’Eliza Douglas. Au fond, au-dessus de la porte, Canvas Wrap (blue), de Stefan Tcherepnin. Fabrice Gousset
Dans la chambre, toile Untitled (2022), d’Eliza Douglas. Sur la table d’appoint Parpaing, de Martin Szekely (Galerie Kreo), œuvre Negative Grey Starfield #1, de Marina Pinsky. Sur la tête de lit, bloc en céramique (2019), de Virgil Abloh (Vitra). Guirlande lumineuse Beaded Interlude Vol. 10 (Intestinal Dimensions), de Jessie Stead.
Dans la chambre, toile Untitled (2022), d’Eliza Douglas. Sur la table d’appoint Parpaing, de Martin Szekely (Galerie Kreo), œuvre Negative Grey Starfield #1, de Marina Pinsky. Sur la tête de lit, bloc en céramique (2019), de Virgil Abloh (Vitra). Guirlande lumineuse Beaded Interlude Vol. 10 (Intestinal Dimensions), de Jessie Stead. Fabrice Gousset

Un lieu qu’elle a imaginé comme un white cube, qu’il s’agisse de sa pièce à vivre faisant office de salon-salle à manger, bureau et cuisine ou de sa vaste chambre, toutes deux blanches et chargées d’œuvres aux murs. Et pourtant, cet intérieur est loin d’être froid et intimidant.

Au contraire, il prouve que le conceptuel et l’anticonventionnel – signatures d’Aurélie Julien – peuvent être vivants et colorés, comme la peinture d’Eliza Douglas reproduisant des personnages Disney aspirés dans un vortex, ce qui pourrait être un buste de femme en silicone rose d’Eva Fàbregas, la chaise en fourrure bleu ciel de Harry Nuriev, l’acrylique multicolore de John Giorno You Got to Burn to Shine (« Il faut brûler pour briller ») et enfin le néon clignotant et le pare-brise de Bruno Rousseaud, lequel a aidé Aurélie dans l’aménagement de son intérieur.

Ces œuvres d’artistes émergents pour la plupart contre-balancent le design minimal de Martin Szekely (table basse Grey ou cendrier Amiens…) ou la table Compas, de Jean Prouvé, l’une des seules touches historiques de l’appartement avec une table de salle à manger ronde de Philippe Starck, des années 1980.

Dans la même pièce, œuvre Clé (2016), de Nathan Zeidman. Fauteuil Champagne, d’Estelle & Erwine Laverne. Photographie Culture and Technology Reporter, de Heji Shin.
Dans la même pièce, œuvre Clé (2016), de Nathan Zeidman. Fauteuil Champagne, d’Estelle & Erwine Laverne. Photographie Culture and Technology Reporter, de Heji Shin. Fabrice Gousset

Sans doute grâce à sa personnalité vive, précise, cultivée et curieuse, nourrie dans les expositions et les foires qu’elle fréquente, Aurélie Julien a imaginé un endroit où rien n’est calculé et tout est intuitif et livré à son imagination fertile.

La preuve ? « Même si j’habite un immeuble Art déco des Invalides, lorsque j’arrive chez moi, j’ai toujours l’impression d’entrer dans un loft grâce aux grandes fenêtres, aux murs blancs et aux poteaux en béton désossés qui rythment mon salon », imagine celle qui vit dans un work in progress permanent.


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