Située à la jonction des quartiers de Belgravia, Victoria et Pimlico, loin des galeries chics et des voyageurs internationaux de Mayfair, la nouvelle adresse parie sur une stratégie commerciale différente de son aînée. L’atmosphère détendue des antiquaires du coin et l’architecture du showroom, avec ses briques apparentes, s’adresse plus à une clientèle de professionnels du design qu’aux collectionneurs aguerris. « Nous avons une adresse centrale qui marche très bien, et même si nous pensons attirer les amateurs de design qui vivent autour de Belgravia, l’idée est avant tout de servir les spécialistes qui travaillent autour de Chelsea Harbour », explique Sebastien Holt, qui a pris la direction de la galerie Modernity en 2019.
Le design nordique en première ligne
La galerie Modernity garde néanmoins le cap sur le mobilier, les luminaires, la céramique et la joaillerie rares, avec une attention particulière portée au design nordique du 20ème siècle. Une mission qu’elle mène depuis son ouverture en 1998 dans le quartier de Östermalm, à Stockholm. Elle a ainsi placé des pièces dans les musées du MoMA, LACMA, et le Musée National de Stockholm, et participe à de nombreuses foires d’art et salons internationaux comme le PAD, le Pavillon d’Art et de Design.
A Belgravia, la galerie Modernity inaugure son espace avec de nombreuses créations d’Alvar Aalto, dont des chaises Paimio et Small Paimio de 1931, une partition de bois de 1936 ou encore des luminaires Beehive datés de 1953. Au centre de la pièce, un set de chaises en cuir entourent une table de Poul Kjaerholm, édités par E Kold Christensen dans les années 1960. Au-dessus du plateau de marbre, les plafonniers 1994/6 en laiton perforé sont attribués au finlandais Paavo Tynell, pionnier du luminaire fonctionnel et figure emblématique du design nordique. Plus loin, un autre coin salon, tout en bois, se compose de chaises signées Hans Wegner et d’une table de Bruno Mathsson éclairées par un chandelier imaginé par Paavo Tynell. Contre le mur, des vases multicolores décorent une étagère du suédois Bruno Mathsson, datée des années 1960.
Un nouvel art de vivre
La galerie Modernity s’ouvre aussi à l’art moderne et contemporain pour satisfaire les besoins de sa clientèle, comme ces sculptures en pin et en teck signées Johnny Mattsson, datées des années 1950. « De nombreux décorateurs cherchent des pièces pour mettre la touche finale à leur projet, surtout lorsqu’il s’agit de propriétés prestigieuses. Ils sont à la recherche de la perle rare, sans forcément se soucier de la signature », explique Sébastien.
La nouvelle stratégie est marquée par un besoin de s’adapter à un monde qui continue de tourner au ralenti. « Avec la pandémie, nous avons dû changer notre manière de fonctionner. Il y a par exemple moins d’urgence à acquérir une oeuvre. Les gens ont appris à prendre leur temps », note Sébastien. Les acquéreurs potentiels peuvent ainsi emprunter du mobilier pour vivre avec, avant de se décider. « Nous proposons aussi des séances de consultations, et recevons régulièrement des demandes pour trouver une pièce manquante », ajoute-t-il.
La galerie Modernity compte aussi jouer de sa position unique de spécialiste du design nordique implanté au Royaume-Uni, pour prendre le pas sur une concurrence locale minée par l’alourdissement des taxes depuis le Brexit. « Le mobilier est exposé ici, mais la maison mère, qui effectue la vente, est en Suède. La transaction est plus économique que si le client s’adressait à un revendeur anglais, par exemple », explique Sébastien.
> Galerie Modernity, Newson’s Yard, 57 Pimlico Road, Londres SW1W 8NE