La collection Pinault rend hommage au mouvement arte povera

La collection Pinault, c’est plus de 10000 œuvres dédiées à l’art des années 60 à nos jours. Dans ce panel réuni par l’homme d’affaires, une cinquantaine de pièces historiques retracent l’histoire de l’arte povera. Elles seront présentées en regard avec celles d’autres collections, publiques et privées, « non comme des objets mais comme des forces poétiques habitant l’espace et le temps », déclare Emma Lavigne, directrice générale de Pinault Collection. Résultat: 13 artistes bénéficient chacun d’un espace spécifique.

À lire aussi : Les années 1980 aux enchères chez Artcurial

Arte povera, miroir du monde

Le mouvement arte povera, ainsi baptisé par le critique Germano Celant, apparaît alors que les Italiens découvrent la consommation de masse. À contre-courant de l’euphorie économique, quelques trublions remettent en question les dogmes de cette société pro-industrielle utilisant des matériaux collectés dans la nature (charbon, bois, terre…) et des techniques artisanales (broderie, reliure ou soufflage du verre).

Parmi eux se distingue Giuseppe Penone, avec un travail ancré entre la nature et la mémoire. C’est à l’âge de 21 ans qu’il choisit l’arbre comme matière et l’empreinte que son corps ou ses mains peuvent y laisser. Il a aussi matérialisé son souffle et s’est photographié en aveugle, les yeux cachés par des miroirs où se reflète son environnement.

« Tout acte de création est politique », déclarait Michelangelo Pistoletto en 2022, à l’occasion de son exposition à la Commanderie de Peyrassol, où il présentait une Vénus noyée sous une montagne de chiffon.

Art engagé

Cette installation, que l’on retrouvera sous le dôme de la Bourse de Commerce, date de 1967 mais semble renvoyer au scandale environnemental de la fast fashion. Alighiero Boetti s’est fait connaître avec ses planisphères, des Mappa brodés par des couturières afghanes, dont les motifs illustrent l’évolution géopolitique du monde, également exposés par la collection Pinault.

Autres œuvres très attendues: les Igloos de Mario Merz, une série initiée en 1968, en écho à la guerre du Vietnam, qu’il produira à l’infini, diversifiant formats et matériaux. Mouvement contemporain issu des révoltes contestataires de la fin des années 60, les préoccupations embrassées par le mouvement arte povera semblent plus actuelles que jamais.

> « Arte Povera ». À la Bourse de Commerce – Pinault Collection, 2, rue de Viarmes, 75001 Paris, du 9 octobre 2024 au 20 janvier 2025. Tél. : 01 55 04 60 60. Pinaultcollection.com

À lire aussi : Les memento mori de Nobuyoshi Araki à la Fondation Pinault