Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Jean Touret, qui n’est alors que peintre s’installe à Marolles, un village beauceron. Il y rencontre des menuisiers, des vanniers, des potiers dont le travail le frappe. Il crée alors le groupement des Artisans de Marolles, dont il prend la direction artistique et donne naissance à un langage artistique unique.
IDEAT : Comment est né cet ouvrage ?
Marie Kalt : La première fois que j’ai été confrontée au travail de Jean Touret, c’était il y a sept ans, au contact du galerie Yves Gastou, qui avait un regard très défricheur dans le milieu des Arts Décoratifs. Il a été l’un des premiers à mettre en lumière ces pièces, et à les intégrer dans des décors pour certains de ses clients. Plus tard, son fils Victor m’a dit qu’il avait le projet de faire un livre et qu’il cherchait un éditeur.
IDEAT : Quid des éditions de l’Amateur ?
Marie Kalt : Elles ont été lancées dans les années 1970. Il s’agissait d’une émanation de la Gazette Drouot. On leur doit notamment le catalogue raisonné de Lalique, toute une série de livres sur les grands créateurs du XXe siècle comme Armand-Albert Rateau ou Dupré Lafon. Cette maison a connu des vicissitudes et a fini par s’endormir. Elle a depuis été rachetée par les éditions des Arènes. Je dirige à présent sa ligne éditoriale et cet ouvrage est le tout premier qui vient la relancer.
Comment est actuellement perçu Jean Touret ?
Aujourd’hui, il y a un véritable intérêt. Nombre de galeries à l’étranger et en France s’intéressent à son travail et le défendent. Il s’agit aussi d’une des raisons qui a motivé ce livre. Il répond à un engouement du moment pour tout le travail artisanal et le retour à un certain revivalisme. Son travail est mis en avant dans certaines galeries, mais aussi dans les salles des ventes, il y a une véritable quête. Il s’agit de pièces, dont les prix commencent à devenir conséquents.
Comment l’expliquez-vous ?
Cela correspond à l’air du temps. On a jamais autant parlé d’artisanat, de slow made ou de choses faites à la main. C’est une une sensibilité qui est celle d’aujourd’hui. En parallèle tout le monde s’intéresse au design et aux arts décoratifs, mais ce travail d’artisans est vraiment mis en valeur depuis ces dernières années.
Quelles sont les oeuvres qui résument au mieux son travail ?
Je dirais les bas-reliefs, à la fois sur le mobilier, dans les oeuvres de Marolles, dont les portes sont sculptées avec des motifs qui racontent une histoire, un travail qu’il a fait sur bois et sur métal. Et puis ces totems, qui étaient des arbres qu’il taillait d’abord à la tronçonneuse.
> Jean Touret d’Anne Bonny, Axelle Coty et François Touret aux éditions de L’Amateur